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Le piège de la bureaucratie

par Mahdi Boukhalfa

L'annonce n'est pas innocente : des majors pétrolières américaines seraient intéressées, de nouveau, par le potentiel d'hydrocarbures algérien. Le président du Conseil d'affaires algéro-américain, Smaïl Chikhoune, a expliqué lors de son passage à la radio nationale hier que le nouveau management de Sonatrach a su convaincre les Américains de revenir investir dans le secteur pétrolier en Algérie. De son côté, le ministre de l'Energie a appelé les entreprises US à investir en Algérie. C'est lors d'Algeria Energy Day (journée de l'Algérie) mercredi dernier dans la capitale du pétrole aux Etats-Unis, Houston, que des responsables de Sonatrach, avec ceux d'Alnaft, ont rencontré, en marge de l'Offshore Technology Conference (OTC 2018), la plus importante rencontre dans l'industrie de pétrole aux Etats-Unis, des représentants de grandes compagnies pétrolières américaines, dont ceux du géant Exxon Mobil.

Cette fois-ci, le management du groupe Sonatrach a donné suffisamment de voilure aux perspectives de développement de la compagnie pétrolière nationale pour que ses appels à un partenariat avec des majors américaines soient entendus. Le fait est qu'il y a des discussions sérieuses, qui avancent, pour un retour des groupes pétroliers US en Algérie. Car il n'est un secret pour personne que les compagnies pétrolières étrangères, dont celles américaines, boudent le secteur pétrolier algérien, et pas seulement après l'attaque terroriste de Tiguentourine et ses effets désastreux sur le moral des compagnies partenaires de l'Algérie. Les derniers appels d'offres d'Alnaft étaient affreusement infructueux et, au sein du groupe Sonatrach comme au sein du gouvernement, on a enfin pris conscience que la loi sur les hydrocarbures de 2006 avait un grand besoin de lifting, un toilettage de nature à arrondir certaines aspérités, dont l'absence de partage du risque, les taxes sur les superprofits et, plus que tout, la règle des 51/49% qui a été ouvertement dénoncée par les investisseurs et hommes d'affaires américains.

Maintenant, avec la garantie que la loi sur les hydrocarbures sera revue et adaptée aux exigences du marché et des protocoles dans le secteur pétrolier, d'autant que l'Algérie ira bel et bien vers les énergies non conventionnelles, il semblerait que des barrières sont en train de tomber pour le retour des compagnies pétrolières américains et pas seulement US d'ailleurs. Le gros de cet intérêt des majors américaines est bien évidemment suscité par l'énorme potentiel d'hydrocarbures non conventionnels de l'Algérie et que seuls les Américains possèdent aujourd'hui les techniques les plus sophistiquées pour les extraire. Evidemment, le débat sur la question de la pollution de l'environnement ou les agressions sur le sous-sol ne sera que plus âpre.

Mais pour le moment il semblerait que l'on applaudisse un effort réel fait pour que les compagnies américaines manifestent leurs intentions de revenir en Algérie. Avec plus de garanties de l'Etat algérien pour leurs intérêts et, au premier chef, une révision de la loi sur les hydrocarbures pour permettre cette embellie qui s'annonce. Cependant, et les Américains l'ont signifié à plusieurs reprises, le grand obstacle pour les investissements en Algérie reste une administration sclérosée, une bureaucratie monstrueuse qui fait passer la durée du passage à la production d'un projet d'une à plusieurs années. Car si l'hydre bureaucratique n'est pas éliminée, il faut rester chez soi et ne pas faire perdre le temps des autres.