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L'agression

par Mahdi Boukhalfa

Les frappes contre la Syrie menées par une coalition militaire franco-britannique et américaine sont une agression caractérisée et confirment que pour les «démocraties» occidentales, il n'y a pas d'ordre établi sans leur quitus. C'est une terrible évidence que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne veulent faire de la Syrie une Libye bis ou un Irak bis, même si le régime de Damas est également responsable de cette situation ou de la destruction de son propre pays. Mais, ce qui s'est passé dans la nuit de vendredi à samedi procède d'un scénario militaire et stratégique qui n'a rien à voir avec la protection des populations syriennes des prétendus bombardements aux armes chimiques menés par le régime de Bachar Al Assad. Car la propagande occidentale est autant redoutable que son arsenal de destruction massive, dont certaines armes et des types de bombes sont constamment testées sur des zones de guerres déclenchées par les politiques américains ou européens.

Pour autant, et en dépit des avertissements de la Russie qui a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU, il s'agit d'une énième agression militaire d'un trio de pays qui a sur la conscience la destruction de l'Irak et la Libye et autant l'avenir de leurs populations que les appels forcenés au changement de leurs dirigeants ont conduites à la misère, les guerres civiles répétitives, le chaos. Le prétexte invoqué par Washington, Paris et Londres, une fois encore, de la fabrication d'armes chimiques, pas vérifiée par une commission internationale indépendante, par le régime de Damas qui serait en train de «gazer» sa population ne tient pas la route. Cela rappelle terriblement cette autre «conviction» du Pentagone et du 10 Downing Street sur les armes de destruction massive qu'aurait possédées Saddam Hussein. Résultat: un forcing international des Américains et de leurs alliés britanniques et français pour une intervention militaire contre l'Irak. Saddam est tombé, l'Irak a été détruit, mais point d'ADM.

Dans le cas de la Syrie, et avec le prétexte de protéger les populations de la Ghouta ou de Douma des bombardements chimiques qu'aurait effectués le régime de Damas, c'est pratiquement le même scénario qui s'est mis en place. Que faire alors pour empêcher que la Syrie ne soit un autre Irak, une autre Libye ? Même si, à l'heure actuelle, ce pays n'est plus qu'amas de ruines et de désolation. La guerre civile et les ingérences de tous bords ont irrémédiablement précipité la Syrie dans le chaos. Mais, ce que les «va-t-en-guerre» occidentaux oublient et ne veulent pas voir, c'est que la Syrie peut encore être sauvée, éviter les scénarios catastrophes, car ses institutions, bonnes ou mauvaises, sont encore en place. D'autant que les condamnations internationales de cette escalade militaire dénoncent le caractère inique, arbitraire et injustifié de ces frappes aériennes contre la Syrie.

Cette agression a été menée par une coalition belliqueuse qui n'a jamais levé le petit doigt contre les agressions et les bombardements de l'entité sioniste contre le peuple palestinien, gazé, enseveli sous un déluge de bombes, dans ce que le monde a toujours qualifié de crimes contre l'humanité. Ce qui est sûr pourtant et évident pour la communauté internationale, c'est que ces frappes contre la Syrie ont été menées sans preuves matérielles pour des bombardements à l'arme chimique qu'aurait effectués le régime syrien à Douma. Et, surtout, sans mandat de l'ONU, dans une parfaite illégalité internationale. Cela a tous les contours d'une escalade militaire irresponsable, sinon une terrible tragédie de plus pour le peuple syrien. Cela règlera-t-il les problèmes auxquels le peuple syrien est confronté depuis 2011 ? Assurément pas.