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Hypocrisie

par Mahdi Boukhalfa

Il ne faut pas être grand clerc pour voir que les Etats-Unis allaient bloquer le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le massacre de Palestiniens vendredi à Ghaza. Comme il ne faut pas trop se leurrer sur cette capacité de l'ONU à faire entendre raison à Washington, encore moins à rendre gorge à l'entité sioniste pour ses défis à la communauté internationale. Le lobby juif est tellement puissant aux Etats-Unis, tellement enraciné dans les milieux politiques et des affaires qu'il est quelque part dans cette cosmogonie du pouvoir aux Etats-Unis, un passage obligé pour toutes les grandes décisions politiques et militaires de Washington dans le monde.

L'épisode de vendredi dernier, avec le massacre de Palestiniens, tirés comme des lapins par des soldats et des snipers israéliens, n'a pas bien évidemment ému la communauté internationale. Encore moins tous les démocrates autoproclamés qui s'enflamment devant les tyrannies politiques dans le monde, de préférence dans l'ancien bloc soviétique, ou ces franchises politico-financières occidentales qui se bousculent au portillon pour dénoncer le massacre des Juifs par les nazis, mais qui ferment les yeux sur les massacres, pires que ceux des nazis, de Palestiniens, un peuple sans défense, par les sionistes de tous poils. Là est la triste vérité dans ces propos sibyllins du SG de l'ONU, le Portugais Antonio Guterres, qui, au lieu de condamner avec la dernière énergie l'assassinat en direct de dizaines de Palestiniens, demande une illusoire, démagogique et trompeuse « enquête indépendante et transparente » sur ce qui s'est passé à Ghaza, et demandant que l'on épargne les civils.

De quels civils parle le SG de l'ONU ? Les snipers israéliens qui tirent de leurs postes de guet sur la foule de Palestiniens emmurés vivants dans la bande de Ghaza ou les soldats de Tsahal équipés pour mener une guerre de cent ans contre de simples manifestants palestiniens ? Non, à vrai dire, ni cette ONU ni les précédentes, poings et pieds liés devant la puissance des Etats-Unis et le lobby juif, n'ont manifesté une réelle volonté de nommer simplement les choses, dénoncer un massacre, montrer du doigt les assassins du peuple palestinien et, surtout, faire que toutes les violences contre les Palestiniens cessent et qu'Israël soit jugé pour crimes contre l'humanité. Ce n'est pas le cas, hélas, car le monde dit civilisé semble toujours et jusqu'à aujourd'hui obligé de payer sa lâcheté, sa dette devant les déportations et le massacre des Juifs.

Ceci est d'autant dramatique, criminel et que l'histoire jugera un jour que les pays qui se précipitent pour revendiquer la démocratie, le progrès, la défense des droits de l'homme, la dénonciation du terrorisme international sont ceux-là mêmes qui aident, soutiennent financièrement et arment Israël. Pour quel objectif ? Terroriser un peuple, assassiner les Palestiniens, les ensevelir sous des déluges de bombes au nom de la sécurité d'un Etat qui ne doit sa vie qu'à la trahison des Occidentaux, lorsqu'ils ont revendiqué, eux aussi, le droit au retour sur leur terre natale ? Quel courage diplomatique peut-on tirer, même si on est SG de l'Organisation, d'un projet de déclaration à l'ONU qui ne dénonce ni ne pointe du doigt le vrai danger pour la paix et la sécurité au Proche-Orient ? En fait, il n'y a aucun honneur, quand on est un pays arabe, à demander également une enquête sur ce qui s'est passé vendredi à Ghaza, au lieu de dénoncer l'injustice d'un système politique international conçu pour protéger les sionistes de leur propre démence.