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Bonne année 2018

par Mahdi Boukhalfa

Le gouvernement affiche ses ambitions: il table sur une bonne année 2018 qui sera marquée par une croissance importante de l'ordre de 4%. Tous les secteurs économiques devront redémarrer et en particulier les mises en chantier dans le BTP, les infrastructures de base et les services. La «planche à billets» mise en place pour éviter le recours à l'endettement extérieur donnera des couleurs à l'économie nationale à travers un refinancement du Trésor, qui pourra à son tour financer les grands projets publics, la construction des écoles, les routes, le bâtiment et travaux publics.

Le ministre des Finances, en éclaireur, a balisé l'année 2018 qui devra être selon lui une année de croissance économique. Pour cela, le gouvernement annonce une disponibilité de 500 milliards de dinars pour entamer l'année dans de bonnes conditions financières et, surtout, la fin pour les banques de la crise de liquidités. En tout, les banques seront capables de financer l'économie nationale à hauteur de 1.000 milliards de dinars, en particulier pour les crédits à l'économie, aux investisseurs privés ou publics. A en croire le ministre des Finances, les grands agrégats économiques, ceux essentiels pour l'économie nationale, ne vont pas connaître de stress en 2018 et, mieux, devraient booster la croissance économique.

Après les «sueurs froides» de 2017, le ton est à l'optimisme avec, bien sûr, tout ce que permet d'envisager comme dépenses le financement non conventionnel. Mais attention, tous les indicateurs restent dans le rouge, même si le brut a entamé à la fin 2017 une remontée record par rapport à ces trois dernières années. Le gouvernement Ouyahia, avec un brut en moyenne de 66 dollars, peut voir venir et envisager au moins le premier trimestre avec un certain optimisme, mais il ne doit pas commettre l'erreur de revenir aux anciens réflexes. Des réformes structurelles sont évidentes et nécessaires pour dépasser une fois pour toutes cette dépendance aux hydrocarbures qui a particulièrement atrophié des pans entiers de l'économie nationale, à commencer par l'industrie, devenue un simple outil de distribution de salaires, et l'agriculture qui n'arrive toujours pas, en dépit des milliards de dollars investis par l'Etat, à produire assez pour exporter.

Le début de 2018 sera bien sûr plus facile à gérer pour le gouvernement, avec des recettes pétrolières plus conséquentes que prévu, et il est attendu une plus grande détente dans l'accès aux crédits pour les investisseurs. Pour autant, pour le contribuable, ce sera autre chose, avec les hausses de prix de la plupart des produits de consommation ou de services, induites par les hausses fiscales prévues par la loi de finances 2018. Car si l'exécutif entame la nouvelle année sous les meilleurs auspices sur le plan financier, avec l'amélioration des recettes pétrolières et le recours au financement non conventionnel, ce qui se traduit par une détente financière et une plus grande flexibilité pour l'accès aux sources de financement, il devra également composer avec une surchauffe des prix et donc le maintien des tendances inflationnistes.

La gageure pour le gouvernement est d'arriver, dans trois ans, à interrompre le recours au financement non conventionnel, ramener l'inflation à moins de 2% et revenir aux standards pour animer la croissance économique. D'ici là, il y aura beaucoup de dossiers économiques, dont l'industrie et le commerce, urgents à assainir, relancer et, surtout, en terminer avec des décisions intempestives, aléatoires, qui engagent la crédibilité non seulement du gouvernement mais surtout du pays.