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Pas droit à l'erreur

par Mahdi Boukhalfa

Il n'y aura aucune période de transition, ni de délai de grâce pour le gouvernement en cette nouvelle année 2018. Des chantiers ouverts au cours des trois derniers mois l'interpellent avec à la clé des décisions rapides, urgentes pour éviter les hésitations, les retards et les erreurs qui coûtent autant d'argent à l'Etat qu'au contribuable. En fait, le Premier ministre doit surtout rassurer les opérateurs, les investisseurs comme les citoyens sur sa politique économique et sociale qu'il compte mener autant pour passer ?'au chaud et dans le calme'' 2018 que pour les deux prochaines années, le court terme à exécuter pour mener à bon port le recours au financement non conventionnel qui devrait être abandonné dans un délai de trois à cinq ans si la croissance est au rendez-vous. Et, surtout rassurer le front social par rapport aux hausses prévues dans la loi de finances 2018 qui auront fatalement un effet boule de neige sur les prix, et donc sur le niveau de vie des contribuables.

De plus, Ouyahia et son gouvernement ne doivent surtout pas perdre de vue les attentes sociales et ne pas les décevoir sur plusieurs dossiers, autant celui du logement que de l'emploi, l'accès gratuit aux soins, ou tout simplement la protection du pouvoir d'achat. Sur le front économique, le Premier ministre doit donner plus de visibilité sur sa politique industrielle, ne pas léser ni décevoir les investisseurs notamment étrangers, dans le segment du montage automobile, en ne succombant pas aux pressions des lobbies, et donner au-delà de ce dossier plus de visibilité aux investisseurs étrangers. Car après la précipitation avec laquelle il a expédié le dossier du montage automobile en Algérie et en gelant les licences d'importation, le gouvernement a dévoilé une méconnaissance du secteur et une dangereuse tendance justement à succomber aux pressions des lobbies.

Il doit donc rassurer que sa stratégie de mise en place d'une industrie du montage automobile ne fera plus d'erreurs de « casting » et ne pas donner la désagréable impression de favoritisme de certains lobbies. En fait, 2018 sera vraiment une année test pour le gouvernement qui aura plusieurs défis à relever, autant celui technique de lutter contre les déficits que stratégique dans la mesure où les imperfections, sinon les erreurs d'aiguillage dans la conduite de la politique économique de l'exécutif n'aillent pas briser tout espoir de fin de la crise économique. Encore moins sur les secteurs à fort potentiel avec une politique commerciale incertaine, imprécise, qui répond plus à des objectifs à court terme qu'à soutenir la production nationale et ne pas hypothéquer les chances de relance de la croissance, de reprise de l'emploi et du redémarrage global de l'économie.

Autrement, 2018 ne doit pas être une autre année de stress social, d'instabilité politique et surtout d'incertitude sur les grandes questions économiques, autant sur la conduite de « la planche à billets » que de la politique des prix et de la gestion de certains segments industriels, dont le montage automobile. Et, sur ce dossier comme celui des énergies non renouvelables, Ouyahia et son gouvernement ne doivent pas décider à la place des Algériens, en n'hypothéquant pas l'avenir des générations futures et en laissant ouvertes les opportunités à tous les investisseurs, dont certains sont leaders mondiaux et non régionaux dans la construction automobile. Le Premier ministre devra surtout ne pas se tromper de cible ni d'ennemi dans la conduite des affaires de l'Etat, comme il ne devrait pas succomber à la tentation de trop brider le pouvoir d'achat des citoyens au nom de l'efficacité économique et financière, sans offrir des alternatives, de la flexibilité. Les émeutes du pain, cela ne se passe pas qu'ailleurs. Une plus grande justice sociale dans la conduite des grands projets économiques ne serait pas de trop également.