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En attendant le déclic

par Mahdi Boukhalfa

La campagne électorale pour les élections locales du 23 novembre prochain n'emballe pas et n'est pas emballante. Hormis quelques affiches de candidats, en tout cas celles qui n'ont pas été arrachées, ou quelques permanences de partis ouvertes au public, la plupart étant installées dans des magasins, rien ne dit que les Algériens vont aller voter pour désigner leurs représentants aux collectivités locales. Pour désigner ceux qui vont satisfaire la demande sociale, vont se battre pour construire des écoles, des routes, des ponts, des logements et rendre la vie de leurs concitoyens plus agréable. Le fait est que, hélas, rien de tout cela.

Il y a comme une sorte de deux mondes qui se regardent, qui se côtoient sans jamais se croiser. La raison de ce désintérêt, cette désaffection des électeurs, sinon des citoyens, est qu'elle n'est pas nouvelle, tant les promesses électorales n'ont jamais été concrétisées. Le fait nouveau cette fois-ci est que les chefs de partis, ceux de la majorité au pouvoir en fait, font semblant de jouer franc-jeu, sans triche, sans appui de l'administration, quand les partis d'opposition, eux également en manque d'arguments politiques, sinon de programmes concrets, tombent dans ce jeu malsain de la facilité en construisant leur campagne électorale sur des accusations selon lesquelles ces élections sont truquées d'avance.

Un extraordinaire aveu de la grande majorité de l'opposition que dans ces territoires, là où pourtant une bonne partie de l'électorat attend des signes pour des ralliements de dernière minute, il n'y a en réalité aucune perspective d'avenir. Ni programme politique viable, encore moins un semblant de solution pour sortir du cercle vicieux, malheureusement non vertueux, de l'absence d'alternance politique. Le FLN va succéder au FLN et le RND va prendre les seconds rôles, comme dans une comédie à plusieurs actes, mais où le scénario ne change pas. C'est en tout cas cette image lassante d'élections «sans piment», boudées par l'électorat et une classe politique incapable d'aller vers des solutions innovantes, à proposer une alternative à la fatalité de supporter plus longtemps les partis de la majorité, qui ont montré leurs limites à innover d'autres lendemains sans sinistrose, qui est en train de prendre le pas sur toute autre alternative.

Bien sûr, les slogans ne manquent pas, tout comme les intentions affichées de faire du changement social une priorité, mais cela ne colle pas vraiment à la réalité. Cette réalité qui fait que dans ce village l'eau ne coule plus dans les robinets depuis des semaines, sinon plus, dans un autre où il y a manque d'écoles et, partout ailleurs, un déficit social à plusieurs facettes, avec surtout une si mauvaise gouvernance locale. Car l'enjeu de ces élections, aujourd'hui plus que jamais, c'est bien cette bonne gouvernance des collectivités qu'il faut mettre en place, qu'il faut se battre pour qu'elle soit appliquée par les futurs édiles et, en particulier, qui doit ressusciter le principe «par le peuple et pour le peuple».

Les temps changent et il est donc tout à fait légitime d'espérer que les «élites» engagées par les partis dans cette course aux «communales» vont provoquer une sorte de «déclic» social et psychologique, une rupture avec l'ancien modèle de gestion des collectivités locales qui a provoqué une terrible régression sociale, un délitement du service public ainsi qu'un terrible assèchement du potentiel économique des territoires. Difficile de faire revenir tout le monde vers les urnes et de réparer les dégâts de dizaines d'années de démagogie, de népotisme et de «rapines» au détriment du développement local.