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Pauvre de nous !

par Moncef Wafi

La Banque mondiale estime qu'il y aura davantage d'Algériens pauvres les deux prochaines années. La faute à une croissance en berne et un PIB inférieur aux prévisions les plus pessimistes. La BM prévient aussi d'un risque d'inflation à deux chiffres qui pourrait envoyer 10% de la population sous le seuil de la pauvreté. Voilà pour les chiffres. Ces prévisions augurent d'une dégradation du niveau de vie des Algériens et la diminution de leur pouvoir d'achat.

L'alerte n'a rien de sensationnel et les Algériens sont les premiers à vivre, à leur corps défendant, les conséquences directes d'une crise multidimensionnelle qui a pris de court les responsables du pays à tous les niveaux. L'échec patent à trouver une parade à cette récession, malgré le confortable matelas financier dont disposait le pays, a précipité toute une partie de la population dans les bras de l'incertitude. La BM évoque des débuts de solution pour parer à tout risque d'explosion sociale en rationalisant les subventions, démarche adoubée par «une volonté politique et un consensus national» sur fond de transferts monétaires qui desservent les plus nécessiteux et une stratégie de communication de grande envergure. Des solutions sur le papier qui se heurtent à l'incapacité chronique des hauts responsables à concrétiser des schémas théoriques sur le terrain.

Les réformes qui peuvent avoir un impact ailleurs ne sont pas certaines de fonctionner en Algérie du fait même de la nature du régime algérien. La rente basée sur les revenus des hydrocarbures, nonobstant la chute du prix du pétrole, empêche toute approche autre que l'espoir de voir les prix du baril se rétablir ou plafonner à un minimum acceptable pour équilibrer les budgets. Pourtant, les experts sont formels et le pétrole, ressource naturelle en voie d'extinction, ne sera plus jamais source de richesse pour des pays comme l'Algérie qui ont hypothéqué leur avenir en ne diversifiant pas leur économie. La BM parle de pauvreté et les Algériens la vivent tous les jours. Les deux prochaines années, ils seront de plus en plus nombreux à tendre la main pour manger ou à se vendre pour ne pas dormir sous la belle étoile et les premiers signes sont déjà là. Tout a augmenté et la dévaluation du dinar se fait sentir à chaque achat. Et cette idée de recourir à la planche à billets nous replongera dans l'ère du zloty polonais du temps où le million pouvait juste te permettre de te payer une baguette de pain.