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Otages

par Moncef Wafi

Les Etats-Unis ont eu leur ouragan, les Caraïbes aussi et nous les premières gouttelettes des pluies automnales ont suffi à noyer les villes sous des torrents d'eau. Comme si l'Algérie était le cancre de la classe, n'apprenant jamais ses leçons, elle refait chaque année les mêmes erreurs. Et qui dit mêmes erreurs dit mêmes conséquences. Les citoyens n'en peuvent plus de cette démission collective des pouvoirs publics qui les livrent aux aléas de la vie et à ses turpitudes.

Lorsqu'on vote pour un élu c'est pour qu'il travaille pour la collectivité, en théorie, mais en Algérie les élus sont les premiers à se servir faisant de leur mandat une course vers l'enrichissement par tous les moyens. Récurer les avaloirs et dégager les égouts obstrués représentent le minimum syndical que puisse offrir une municipalité à ses habitants, pourtant, et pratiquement dans toutes les grandes villes d'Algérie le contraire est cette réalité sur laquelle se réveillent les citoyens. Un travail qui doit se faire en amont, pendant l'été, pour anticiper sur les événements d'autant plus que l'épisode hivernal a toujours réservé de mauvaises surprises à nos maires mais qui n'a été réalisé que chichement. Et quand les rues et les ronds-points deviennent des piscines, les équipes communales sortent pour déboucher l'Algérie et lui éviter de se noyer dans 5 mm de pluies.

On a beau dénoncer cette absence de compétence, cette paresse institutionnelle, ce mépris des administrés mais rien n'y fait. Les choses ne semblent pas vouloir changer. Les Algériens en ont marre de cette incompétence érigée en mode de gouvernance qui les prend en otage, dépendants d'un maire inculte ou d'un chef de service irresponsable qui ne font pas le job. La pluie n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de problèmes que vivent les Algériens causés par ceux qui sont censés les gérer. L'état des routes, le contrôle des prix, l'application des lois pour ne citer que ces cas à titre illustratif. Pourtant, même le citoyen lambda a sa part dans cette grande marmelade qu'est devenue l'Algérie, lui qui par son incivisme, son égoïsme sans nul autre pareil, son avidité a grandement contribué à détériorer l'image de tout un pays. Jeter ses ordures dans la rue, ériger un dos d'âne devant son domicile, squatter l'espace public par la force des bras et des relais sont tolérés en l'absence de la force publique. La faute à qui ? Autant trouver la réponse à la poule et à l'œuf !