Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Audit stérile

par Moncef Wafi

Les faits sont têtus et les chiffres implacables pour trahir l'incompétence des hommes qui ont conduit le pays et le poussent toujours vers le précipice. D'un pays qui aurait pu intégrer le club des BRICS, l'Algérie est devenue la risée du monde. Des pays africains comme le Rwanda ou l'Ethiopie, sans leur faire injure, nous ont relégués loin derrière eux dans les classements économiques. A tous les niveaux, dans tous les secteurs, l'Algérie avec ses milliards de milliards de dollars de rente pétrolière n'a pas pu se hisser au rang des pays émergents.

L'exemple le plus édifiant est celui de l'Internet où des Etats en guerre civile ont dépassé notre débit escargot. Des milliards ont été dilapidés, perdus dans des projets qui ont fini devant les tribunaux. L'Algérie est devenue la Mecque de toutes les entreprises étrangères placées sur liste rouge pour se refaire une santé financière en arrosant à gauche et à droite les intermédiaires et leurs parapluies politiques. Le seul classement où notre pays continue à briller est sans surprise celui de la corruption. Le peuple, dans tout ça, est resté spectateur, assistant impuissant aux déballages médiatiques sur la corruption, attendant du concret des méga-procès sans trop de résultats.

L'épisode Tebboune avait laissé entendre un changement de gouvernance et une opération mains propres qui présageait un grand nettoyage de l'argent sale. Une parenthèse vite refermée par le clan qui a effacé jusqu'à la dernière trace du passage de Tebboune. Le pays continue à faire semblant d'avoir un parlement et des institutions démocratiquement élues alors que les accusations de trucage des élections se multiplient. Cette impunité totale et le quadrillage policier de la société ont fait que les Algériens soient gagnés par la lassitude et le découragement de voir un soupçon de réforme prendre forme. Le pays recevra en pleine face, les deux années qui vont venir, le boomerang de la crise économique et l'aveu d'échec de Ouyahia inquiète tant les écarts entre le discours officiel et la réalité du terrain sont énormes.

Après des années de rente, on est encore au stade de l'audit stérile et on se demande comment s'en sortir. La réponse, malheureusement, n'est pas toujours la bonne et les différents gouvernements n'ont que le constat amer d'un échec consommé à offrir aux Algériens.