Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Faillite totale

par Moncef Wafi

Comme à chaque rentrée scolaire, l'école algérienne n'arrive pas à gérer ses imperfections et à répondre aux besoins des millions d'élèves qui se bousculent à ses portes. Comme à chaque année, les mêmes problèmes reviennent trahissant l'incompétence des responsables du secteur à trouver une parade finale et ce ne sont pas les discours inauguraux qui y changeront grand-chose. Le retard enregistré dans la distribution de certains manuels scolaires, opération censée être finie avant la rentrée, indique que quelque part des responsables ont failli à leurs missions.

Dans n'importe quel pays qui se respecte, un échec appelle à des comptes mais pas chez nous où l'impunité, à tous les niveaux, a détruit le sens moral des gens. L'absence de chauffage dans certains établissements surtout dans l'arrière-pays, le ramassage scolaire - à voir certains véhicules mis à la disposition des pauvres élèves - ou encore le niveau des enseignants particulièrement avec les nouvelles recrues appelées au pied levé pour remplacer les 40.000 sortis en retraite sont les sujets récurrents qui empoisonnent le quotidien scolaire. Cette année, toute l'attention sera portée sur les cantines scolaires données en gestion exclusive aux municipalités. Le risque de voir les élèves mourir de faim est grand connaissant le professionnalisme et la compétence de nos maires.

Lorsqu'on arrivera à régler ces problèmes de gestion, lorsqu'on mettra les responsables qu'il faut à la place qu'il faut, quand on assurera des repas dignes et chauds et qu'on distribuera des manuels sans erreurs alors là la ministre peut fixer ses priorités et discourir sur les bienfaits de l'écocitoyenneté. Cette année est surtout difficile pour les familles à faibles revenus avec l'austérité ambiante et l'augmentation des prix et ce n'est sûrement pas l'obole officielle qui permettra de payer les livres et les fournitures scolaires pour trois ou quatre enfants. Le problème de nos institutions c'est que les responsables donnent l'illusion d'aller à l'essentiel des choses alors que les priorités nationales sont reléguées aux calendes grecques. Ainsi va l'Algérie qui évite d'aller à l'essentiel, baladant l'opinion publique dans des discours inutiles.