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Volonté politique

par Moncef Wafi

«Vous ne pouvez pas devenir riche en politique sauf si vous êtes un escroc», Harry S. Truman, 33e président des Etats-Unis. Tebboune, l'éphémère Premier ministre d'une République cannibale, l'a compris mais à ses dépens. Le Don Quichotte national a voulu combattre les moulins à dollars et s'est retrouvé désarçonné, jeté à terre et offert en pâture aux mauvaises langues de tous bords. Lui qui voulait nettoyer la politique de l'argent sale des affairistes, s'est retrouvé pendu haut et court sur la place publique. Et les escrocs au col blanc, ce n'est pas ce qui manque en Algérie. Des escrocs tout court, des brigands de grand chemin, des voleurs et des traîtres à la Nation.

Si l'Algérie truste les dernières places des classements, ce n'est pas par vengeance ni par jalousie. La faute n'est pas à chercher ailleurs, dans les esprits chagrins qui nous en veulent, et si on est classé parmi les pays les plus corrompus de la planète c'est qu'on le mérite. Les affaires qui ont éclaboussé la sphère décisionnelle, les procès de l'autoroute, de Sonatrach 1, 2, 3?, les contrats litigieux aux seuls torts de l'Algérie enrichissant à milliards les décideurs et les intermédiaires sont la parfaite illustration de ce phénomène lépreux. Lorsqu'un ministre de la République, de surcroît à la tête du secteur le plus névralgique appelé à promouvoir une économie hors hydrocarbures, est cité dans le scandale des Panama papers et que l'affaire reste sans suite, il y a de quoi se poser des questions. Et quand d'en haut on laisse faire, on détourne le regard et on consent par le silence complice, ceux d'en bas, les escrocs à la petite semaine se ragaillardissent.

En effet, comment demander des comptes quand certains hauts cadres de l'Etat s'achètent des empires immobiliers à l'étranger alors qu'ils ne sont censés être que de simples salariés ? Le constat est le même pour des chefs de parti ou patrons d'entreprise publique ou privée. Des petits fonctionnaires se sont alors enrichis sur le dos du contribuable et de l'Etat. Le bakchich se transformant au fil de la misère et de la perte des valeurs, devenant la source exclusive d'une fortune insoupçonnable. La guerre contre la corruption n'est pas très compliquée si seulement la volonté politique l'accompagnait.

La réalité est que le système en place ne veut pas combattre la corruption car il suffit que les services concernés épluchent les biens de ces fonctionnaires véreux présents dans les administrations publiques et qu'on compare leurs fiches de paie avec leur mode de vie. Toucher 35 ou 40 mille dinars par mois avec famille à charge et se pavaner au volant d'une voiture de luxe, se payer des voyages à l'étranger et habiter un toit à 1,5 milliard de centimes, c'est qu'il existe un problème d'éthique. Et il est sérieux le problème. Lutter contre la corruption c'est comme nettoyer les escaliers, c'est de haut en bas, mais vu la pénurie d'eau et d'honnêteté, le grand ménage n'est pas pour demain.