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Entre opium et zetla

par Moncef Wafi

Si la religion est l'opium du peuple, dixit Karl Marx, le football est la zetla des Algériens. Mais depuis le Mondial brésilien, il est de mauvaise qualité tout comme le reste du pays. En effet, longtemps considéré comme un véritable anesthésiant social, tant que les résultats de l'équipe nationale suivaient, le ballon rond est devenu un casse-tête pour les pouvoirs publics canalisant une violence populaire et juvénile qui débordait parfois sur la rue.

La désillusion du onze national et sa précoce élimination du rendez-vous russe est tout sauf une surprise tant les choses ont naturellement périclité, précipitant la chute du football algérien. De l'échec du professionnalisme au mauvais casting à la barre technique des Fennecs en passant par l'interférence du politique dans les affaires du football, on n'a eu en fin de compte que les conséquences logiques d'une déliquescence de la gestion à l'algérienne. Toutes proportions gardées, le football algérien ne pouvait échapper à la grisaille nationale, représentant un microcosme de la réalité algérienne avec ses mauvais choix, ses querelles intestines, la priorité des intérêts personnels et l'esprit clubard.

Sur le terrain de Lusaka, il y avait onze jeunes Zambiens défendant leurs couleurs nationales face à onze starlettes craignant de se casser un ongle d'orteil. Mis à part Bensebaïni, le reste des Verts était à jeter aux oubliettes de l'histoire sportive, pour ne pas être méchant. L'équipe nationale c'est un peu comme l'Algérie avec ses doubles nationalités, ses affaires douteuses, ses hommes de paille et ses privilégiés. Maintenant que l'EN est sortie par la porte de service, reste un championnat à risques, extrêmement dangereux pour l'ordre public, connaissant le chauvinisme et le sectarisme qui caractérisent les galeries de supporteurs. La menace n'est pas que virtuelle d'autant plus qu'Ouyahia nous promet des lendemains incertains et en l'absence d'espace de libre expression, le stade s'impose de facto comme la seule voix qui peut encore résonner? d'obscénités et de slogans politiques facilement récupérables.

Ceux qui sont derrière la piteuse élimination des Verts, les joueurs ont également leur part de responsabilité, sont également coupables de ce qui va arriver dans nos stades car, grâce à leur incompétence, chaque match de championnat, quelle que soit la division, sera un challenge pour nos services de sécurité.