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Merci qui ?

par Moncef Wafi

Alors que l'Algérie joue les bons Samaritains dans la crise diplomatique au golfe Persique qui a vu le Qatar mis sous embargo par son puissant et envahissant voisin saoudien sur ordre de Trump, Doha nous remercie à sa manière. Ce petit émirat du Moyen-Orient, d'une superficie de 11.427 km², est actuellement au centre d'un bras de fer engagé pour le mettre au pas.

Si officiellement on lui reproche de soutenir et de financer le terrorisme international, la réalité est à chercher dans son rapprochement suspect, aux yeux des autres monarchies, avec l'ennemi juré iranien.

Cherchant à compenser son manque à gagner en termes de recettes touristiques, perdant avec l'Arabie saoudite son plus gros contingent de visiteurs, Doha a ouvert ses frontières aériennes à 80 nationalités des cinq continents. Tu es Thaïlandais, bienvenue à toi, tu peux entrer sans visa. Tu es Maltais, bienvenue à toi, tu peux entrer sans visa. Tu es Roumain, bienvenue à toi, tu peux entrer sans visa. Tu es Algérien, passe ton chemin et si tu veux entrer alors dépose ton dossier qui sera traité à Doha et là on verra si on te l'accorde ou pas le visa. C'est aussi caricatural que cela mais c'est comme ça. S'il est vrai que chaque pays est souverain dans ses décisions, il n'en demeure pas moins qu'en égard des efforts de l'Algérie dans ses tentatives de réconciliation et ses gestes en direction du Qatar, on aurait pu l'inscrire sur la liste aux côtés de la Macédoine ou l'Argentine. Mais non, on reste ces vilains petits canards dont personne ne veut, victimes de cette réputation qu'on traîne comme une deuxième ombre trop pesante. Les Qataris nous ont renvoyés à notre triste réalité d'un pays devenu subitement infréquentable. Pourvoyeurs de l'international djihadiste, propriétaires d'une chaîne de télévision qui a fait plus de mal aux pays arabes que la défaite de 67, les Qataris nous ont offensés une dernière fois, insultés dans notre honneur et notre fierté d'Algériens.

Si ce cas de figure n'engage pas une réaction de notre diplomatie, quoique, il est du devoir de tout citoyen algérien de s'indigner contre ce mépris. La pilule aurait pu passer si la porte n'a été ouverte que pour quelques nationalités privilégiées, on l'aurait compris, mais nous exclure alors qu'on a admis tout le monde à la fête c'est ce qui fait le plus mal. Et dire que notre pays recèle toutes les richesses dont se targuent les Qataris mais voilà, eux, ils ont le respect des leurs. Pas nous.