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Question d'égo

par Moncef Wafi

La semaine de congé gouvernemental donne la fausse impression d'une accalmie sur le front des hostilités et une interruption du feuilleton trilogique Tebboune-Haddad-Sidi Saïd. Si le Premier ministre a joué la carte de l'apaisement, sans toutefois enclencher la marche arrière, le président du FCE, lui, a rué dans les brancards préférant l'escalade à cette trêve qui ne dit pas son nom. Les observateurs avertis voient dans sa dernière mise au point qui dénonçait une «campagne de dénigrement hostile» à son égard et son entreprise depuis son élection à la tête du FCE, une pathétique plaidoirie qui vise à répondre point par point à une démarche qui ne peut être qu'administrative.

Débordant sur le terrain d'une conspiration de milieux agissant dans l'ombre et se présentant comme victime, lui et le groupe qu'il dirige, d'une cabale «d'une violence et d'une férocité inouïes», Haddad oublie presque qu'il doit sa fortune et son nom à cet Etat, grand pourvoyeur en projets publics devant l'Eternel, auquel il s'attaque aujourd'hui. Dans sa réponse-offensive, le président de l'ETRHB affirme que depuis qu'il a été élu à la tête du FCE, on ne lui aura épargné aucune critique ni attaque. Faux, le FCE et depuis que Haddad est à sa tête a bénéficié d'une incroyable machine de propagande aussi bien en interne que pour la consommation étrangère. En effet, et à chaque rendez-vous économique en dehors des frontières, Haddad, à la tête de délégations d'hommes d'affaires, embarquait dans ses bagages le ministre de l'Industrie de l'époque en guise de caution politique.

Si l'homme prend aujourd'hui ombrage des mises en demeure que le maître d'ouvrage a adressées à son groupe, il doit savoir que cette mesure est d'utilité publique en premier et dernier lieu. Alors que l'Etat a décidé de sévir contre toute forme de délinquance économique, il est tout à fait légitime qu'il s'attèle à recadrer les entreprises défaillantes, l'objectif étant naturellement de les pousser à reprendre les chantiers en souffrance dont la date de péremption a expiré depuis des années. Il n'est un secret pour personne que certaines entreprises privées ont bénéficié d'avantages faramineux en numéraire et en projet par rapport à d'autres sigles beaucoup plus performants. Tous les professionnels du BTPH vous diront cela, mais sous le sceau de l'anonymat, vous expliquant que le phénomène de la sous-traitance, en dehors des règles du jeu, a explosé ces dernières années.

Haddad n'étant pas le patronat et le patronat ne se résumant pas à sa seule personne, il serait malencontreux de penser que le gouvernement veuille s'attaquer à un partenaire économique incontournable. Reste que le patron du FCE a maladroitement manœuvré, déclarant la guerre à un Premier ministre en poste, à partir de l'Aurassi à cause d'une saute d'humeur. L'Algérie n'a pas de temps à perdre dans ces querelles d'égos et il est grand temps que les priorités s'affichent en majuscule sur grand écran pour que chacun prenne ses responsabilités et rende des comptes.