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Copier les bons élèves

par Moncef Wafi

Le Premier ministre a été formel sur cette question: l'Algérie ne recourra pas à l'endettement extérieur. Une certitude reprise par le président du FCE, Haddad, alors qu'il avait affirmé auparavant, à partir de Mostaganem, que l'endettement ne constitue pas une catastrophe pour l'économie nationale. Fatalité ou passage obligatoire, Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal, est revenu sur cette question dans un entretien exclusif accordé au Quotidien d'Oran où il estime que si le pays veut se soustraire à cette éventualité, il n'a d'autres choix que de faire comme la Malaisie, la Corée du Sud, l'Indonésie ou encore la Chine. Comment ? Ces pays ont avant tout misé sur des politiques de développement autocentrées, comme l'explique l'économiste.

Le problème de l'Algérie, c'est qu'on a consciemment cultivé la confusion des genres donnant naissance à de nouvelles classes de riches issues «des subventions publiques, des prêts transformés en fonds perdus et sur le non-paiement de ce qui est dû à l'Etat?». Le bras de fer entre Tebboune et Haddad et les promesses du Premier ministre de séparer l'argent des affaires de la sphère politique ont mis au-devant de la scène ces fortunes colossales algériennes qui ont émergé cette dernière décennie. Pour plus d'impact dans la lutte contre l'informel, Omar Aktouf préconise de canaliser l'action économique du privé à l'intérieur de plans de développement nationaux successifs. L'homme n'invente rien et se réfère au modèle malaisien ou sud-coréen qui ont fait leurs preuves, alors pourquoi s'entêter à importer des schémas directeurs qui ont montré toutes leurs limites ? Le problème économique algérien est avant tout d'ordre politique et tant que le gouvernement ne donne pas des garanties de fermeté et ne déclare pas une guerre ouverte et complète contre la corruption, le pays ne pourra jamais se prévaloir d'aucun modèle salvateur.

Aktouf estime, à juste titre, que le secteur privé doit payer son dû à l'Etat et contribuer à l'amélioration des conditions citoyennes et environnementales autour de ses installations. Des conditions inexistantes chez nous où le secteur privé a pris des proportions inimaginables sans pour autant apporter la plus-value attendue à l'économie nationale. Le gouvernement Sellal ayant ouvert la plaie avec l'introduction de ces fameux SKD et CKD qui ont juste coûté en l'espace de trois ans quelque deux milliards de dollars au Trésor public, alors que pour les cinq premiers mois de l'année en cours le chiffre a dépassé le milliard de dollars, selon le département de Bedda. En contrepartie, c'est le désert si ce n'est les sommes colossales exportées vers l'étranger qui ont servi à l'achat d'actifs. Là aussi, les faits sont établis et la justice doit s'autosaisir pour demander des comptes. Comment peut-on acheter des appartements luxueux, des yachts et des banques alors que la loi algérienne est claire ? La réponse nous renseignera un jour sur la direction économique que prendra l'Algérie.