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On invite au dialogue, on ne le décrète pas

par Moncef Wafi

Chaude, tiède ou pas au menu, quelle sera la température de la prochaine rentrée sociale ?

Devenue ces dernières années un véritable test grandeur nature pour le gouvernement, la rentrée sociale, baromètre de ce que sera la suite de l'année, s'annonce brûlante pour Tebboune. Si on se réfère aux déclarations des syndicats autonomes qui voient dans les affirmations du Premier ministre un double langage destiné à s'assurer de l'adhésion de tous les partenaires sociaux et économiques à son programme.

Ce qui choque le plus, selon eux, c'est surtout cette assurance d'une rentrée sociale «calme et sans problèmes» qui balaye tous les problèmes en suspens comme la question de la retraite, le nouveau code du travail, le pouvoir d'achat du citoyen, la qualité et l'accès aux soins, entre autres dossiers «chauds».

Comme on l'a souligné auparavant sur ces mêmes colonnes, le Premier ministre aurait pu saisir l'occasion de la préparation de la tripartite pour mettre réellement en place les bases d'un nouveau dialogue social en invitant, par exemple, les syndicats autonomes les plus représentatifs. Une suite logique à l'appel du gouvernement à toutes les forces vives du pays, partis politiques, syndicats et associations, à un dialogue national.

Que s'est-il passé entre-temps ? Tebboune a-t-il cédé à la double pression exercée par le Patronat et l'UGTA ou se réserve-t-il le droit de les inviter en aval ?

Ce qui est certain, c'est que du côté des syndicats, on attend toujours un signal fort du gouvernement qui tarde pour le moment à se transformer en acte. Légitime attente quand on sait qu'en dehors des partis politiques qui n'ont plus de représentativité à la base, ce sont les syndicats autonomes qui aimantent le plus d'adhérents.

Le Premier ministre sait qu'il ne peut faire abstraction de cette force vive s'il veut que sa politique ait un semblant de crédibilité, d'autant plus que l'UGTA a depuis longtemps cessé de défendre les intérêts ouvriers. L'occasion de la tripartite est une opportunité ratée pour l'instant par Tebboune qui peut hautement hypothéquer son invitation au dialogue national.

Au-delà de ces considérations politiciennes, les Algériens sont en droit de s'interroger sur ce Pacte national économique et social de croissance où ils ne sont que partiellement représentés par un syndicat déjà décrié et en minorité face aux organisations patronales. Tebboune doit s'engager pleinement dans la voie de la réforme de la gouvernance s'il veut encore avoir du crédit auprès du peuple. Pour cela, il doit avoir le courage et la liberté de décider. Si les deux paramètres ne sont pas réunis, alors reste toujours l'option de démissionner. Mais en Algérie c'est connu : un ministre ne démissionne jamais. Ou du moins de sa propre volonté.