Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les choix de Tebboune

par Moncef Wafi

Que retiendra-t-on au final de la rencontre d'hier entre le Premier ministre et les partenaires du Pacte national économique et social de croissance (UGTA et Patronat) ? Pas grand-chose à priori si ce n'est la date et le lieu de la prochaine tripartite et une limite dans le temps pour arrêter son ordre du jour «avant la fin août». Ceux qui pensaient que la réunion de préparation de ce dimanche allait désamorcer la crise entre Tebboune, d'un côté, et Haddad et Sidi Saïd, de l'autre, en sont pour leurs frais malgré les discours de circonstance tenus en pareil cas. Le Premier ministre, en affirmant que la prochaine tripartite devra traiter «obligatoirement» des bilans des actions engagées auparavant pour évaluation, souligne en filigrane cette volonté de demander des comptes sur les milliards engagés et distribués aux amis sous le parapluie de la relance économique et industrielle chantée par ce Pacte. Tebboune évoque également une nouvelle démarche économique. Laquelle et avec quels partenaires devra-t-elle s'effectuer ? On n'en sait rien pour le moment et les craintes de se renforcer si les mêmes têtes reviennent encore dans le microcosme politico-économique.

Le Premier ministre, parlant du lieu de la tenue de la prochaine tripartite, a relevé que le choix de la wilaya de Ghardaïa était «judicieux», en expliquant que c'est une région du Sud qui dispose d'investisseurs qui sont «nombreux» et «très honnêtes». Lapsus ou message fort, le poids des mots a son importance dans le lexique du Premier ministre surtout en ces moments où toute l'opinion publique a les yeux braqués sur la suite de son action. Cette phrase ne remet-elle pas en question l'intégrité d'autres investisseurs qui ont profité pleinement des largesses de l'ancienne équipe gouvernementale, les représentants du patronat en tête ? Ses déclarations au sortir du conclave tenu à huis clos, lorsqu'il a rappelé le rôle du patronat et de l'UGTA, peuvent-elles avoir une autre fonction que celle du ton diplomatique, ni le lieu ni l'opportunité ne s'y prêtant forcément ? Tebboune a aussi prêché la bonne parole, rassurant le pays sur une rentrée sociale «calme et sans problèmes». Il n'a pas été sans critiquer ceux qui tentent de «noircir» la situation financière du pays. S'il est dans la logique de sa fonction, Tebboune n'est pas allé au fond des attentes nous laissant encore entre deux rives. Fera-t-il le ménage ou rangera-t-il le balai et les mises en demeure ? Les prochains jours nous éclaireront davantage sur ce qui nous attend.