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Les milliards de la mort

par Moncef Wafi

La folie destructrice des Arabes n'a plus de limite. La dernière en date est ce chèque libellé par les Al Saoud au nom de Trump, à l'occasion de son premier voyage à l'étranger, pour se payer 110 milliards de dollars d'armement. Premier objectif du roi wahhabite : contrer la «mauvaise influence iranienne» et ses menaces sur les frontières de l'Arabie saoudite, selon la lecture américaine. Trump est parti faire ses emplettes à Ryad et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a décroché le jackpot. «Des centaines de milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis et des emplois, des emplois, des emplois», annonçait-il dans son style particulier.

Si cette nouvelle fait le bonheur des Américains, alors que le président républicain est au centre d'un russogate, et des Israéliens, elle est de mauvais augure pour le monde musulman déjà déchiré dans ses entrailles avec les massacres enregistrés au Yémen, en Irak, en Syrie et en Libye. Les Arabes gaspillent des milliards de dollars pour des armes qu'ils retournent vers leur propre peuple et contre leurs coreligionnaires alors qu'Israël assassine impunément les civils palestiniens, bombarde les populations désarmées de Ghaza et construit, sous l'œil bienveillant des démocraties occidentales, des milliers de logements de colonisation.

Les monarchies du Golfe, premiers financiers du terrorisme islamiste, se voient encourager par les Américains dans cette voie destructrice avec en prime des chèques à neuf zéros pour faire tourner leur industrie de la mort. Cette transaction trahit, si besoin est, cette hypocrisie occidentale qui condamne le djihad international et en même temps arme ses bailleurs de fonds. Washington et Tel-Aviv préparent une guerre par procuration contre l'Iran, un remake de celle de 80-88 qui a coûté quelque 500.000 à 1,2 million de morts musulmans. Si Washington ne le claironne pas haut et fort, il ne se cache pas en précisant que ces contrats militaires serviront aux Saoudiens de suppléer les Américains dans ces «opérations de contre-terrorisme à travers la région».

Comprendre que des Arabes seront armés pour combattre d'autres Arabes sous couvert de la lutte antiterroriste, en Syrie ou au Liban. Le message est clair d'autant plus que lors de son discours, hier, devant des dirigeants du monde musulman, Donald Trump, appelant à lutter contre l'extrémisme, a souligné que ce n'est «pas une bataille entre religions» mais bel et bien «une bataille entre le bien et le mal». Et dans la perception manichéenne des Américains, le bien c'est eux, le mal c'est nous.