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Les surprises d'Air Algérie

par Moncef Wafi

Finalement les seules surprises que peut nous réserver Air Algérie sont les grèves. Et une de plus, hier, «sans préavis», selon la direction, qui aura encore porté préjudice à l'image d'une compagnie déjà sérieusement ébréchée. Hormis les pertes financières, c'est le peu de crédit qui restait dans les caisses d'Air Algérie qui vient d'être dilapidé avec cette histoire puisque cette grève peut être qualifiée de tout sauf de «surprise».

En effet, le Syndicat national des techniciens de la maintenance avion (Sntma) avait menacé de recourir à un débrayage «imminent» et «irrévocable» - remarquez la pertinence des adjectifs choisis -, si leurs revendications socioprofessionnelles n'étaient pas prises en charge. Pire, le syndicat était revenu à la charge, dénonçant le «jeu fallacieux» de la direction des ressources humaines d'Air Algérie, évoquant clairement un «abus de confiance». Plus que ces signaux, on s'attendait franchement à quoi du côté de la compagnie aérienne ? Il aura suffi de quelques heures d'un arrêt de travail pour obliger le staff employeur à s'asseoir autour de la table des négociations, en situation de faiblesse.

Si aucune concession n'a été consentie pour le moment, il est fort à parier que les grévistes auront au moins reçu des assurances fortes pour surseoir temporairement à leur mouvement, en attendant la décision de la base, selon le président du Sntma. L'une des revendications du syndicat est une hiérarchisation dans l'organigramme salarial de la compagnie qui les classe à la troisième position derrière les pilotes et les stewards et hôtesses de l'air. Légitime lorsqu'on se réfère aux standards internationaux appliqués dans les autres compagnies aériennes internationales mais que la spécificité algérienne a dévoyés. Le personnel de la maintenance se retrouve moins payé que les stewards et hôtesses chez Air Algérie.

Cette situation est un lourd héritage pour le nouveau DG par intérim et son ministre des Transports et, de ce fait, ils doivent composer avec un classement inédit qui n'obéit à aucune logique commerciale sauf celle des pressions. Si Bakhouche Alleche a proposé, lors de ces négociations, un délai d'une année avant de prendre une décision à propos des doléances du syndicat, il avance l'état de la trésorerie d'Air Algérie fortement handicapée par son imposante et inutile masse salariale. Alors à quand dégraisser le mammouth pour paraphraser le ministre français de l'Education ?