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La fraude au pilori ?

par Moncef Wafi

Selon le ministre de la Justice, garde des Sceaux, la justice devra enquêter sur les cas de fraude présumée suite aux saisines adressées aux procureurs généraux par la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) et par certains partis. Une première nationale, quoique, qui pourrait être un début de réponse pour ceux qui ont dénoncé une fraude majeure même si Louh précise que ces cas restent «isolés» et qu'ils ne remettent nullement en cause l'intégrité des élections.

Si dans le fond on n'attend rien de concret dans la démarche ministérielle, dans la forme elle peut s'apparenter à un geste du gouvernement surtout en direction des abstentionnistes, les quelque 64% d'électeurs qui n'ont pas pensé utile de voter. Le message, pas aussi subliminal que cela, du gouvernement est que les élections sont protégées par la loi et les fraudeurs seront poursuivis par la justice pour peu que le délit soit établi. Donc, vous pouvez voter la prochaine fois vu que les scrutins sont sous haute surveillance. Le hic, c'est que ce sont les internautes, via les réseaux sociaux en particulier Facebook, qui sont derrière ces révélations tournées sur le vif.

Si les pratiques de fraude sont celles d'un autre âge avec le traditionnel bourrage des urnes, l'indémodable intimidation physique des observateurs et la caricaturale coupure d'électricité, les moyens de dénonciation ont épousé l'air du temps. Il suffit maintenant de se connecter à internet et de partager une vidéo montrant une fraude grossière pour que l'acte citoyen se propage et ne fasse des émules. L'Etat sait qu'il ne peut pas fermer les yeux sur des preuves aussi accablantes sinon il serait accusé de complicité de fraude. Cette implication de l'appareil judiciaire est ainsi une bonne nouvelle pour les internautes qui y voient une reconnaissance de leurs efforts en vue de divulguer les dépassements de certains partis lors de ces législatives.

Maintenant reste à connaître les résultats de ces enquêtes et particulièrement l'avenir de ces députés présumés élus par la tricherie. Pourtant, difficile de croire à un changement des résultats et à la déclassification des parlementaires impliqués dans ces détournements de voix tant la chose paraît surréaliste dans notre pays où les urnes ont peu de chance d'être entendues.