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Et maintenant?

par Moncef Wafi

Et maintenant que vais-je faire? les partis de l'opposition, les islamistes en tête, semblent vouloir reprendre la chanson de Gilbert Bécaud pour illustrer leur désarroi postélectoral. Si le thème de l'interprète français est un amour déçu, celui des partis politiques tourne également autour d'une histoire d'amour forcé et de trahison programmée. Une histoire pas si nouvelle puisque les mariages de l'opposition avec le pouvoir en place ont toujours tourné au drame avec des accusations d'infidélité qui finissent souvent devant le tribunal constitutionnel. Et comme au football, ce sont toujours les Allemands qui gagnent, en politique, ce sont les partis qui perdent.

Au lendemain des résultats «faussés» des législatives, la contestation partisane s'organise et des voix s'élèvent de tous horizons pour dénoncer une fraude massive conduite par l'administration en faveur des partis dits du pouvoir, FLN et RND en tête de convoi. Rien de bien nouveau dans le paysage national électoral et les partis d'affûter leurs armes en vue d'une riposte dont les contours se décideront prochainement après le quitus définitif du Conseil consultatif. Entre ceux qui promettent de récupérer les sièges «volés», ceux qui accusent les autorités d'avoir gonflé le taux de participation et ne pas participer au prochain gouvernement, la protesta semble déjà enregistrer ses premiers couacs.

L'administration sait, comme toujours, que le temps joue pour elle et qu'à la fin toutes les bonnes volontés d'unification se disloquent confrontées à l'implacabilité de la réalité algérienne. Les contestataires savent qu'ils n'ont guère le choix des armes dans cette bataille de reconnaissance de la vérité. Ils sont désormais condamnés à se confiner dans une contestation à huis clos, la rue étant un exercice hautement dangereux dans la perspective actuelle des choses. Ces partis, ayant consommé le crédit sympathie populaire depuis longtemps, ont été superbement piégés en acceptant de cautionner des élections qu'ils ont de tout temps remis en question. Leur participation ne répond à aucune logique partisane du moment qu'ils étaient embarqués dans la plateforme de Mazagran, si ce n'est des garanties ou des promesses de quotas qu'ils auraient reçues en amont.

Quoi qu'il en soit, les prochaines heures nous rappelleront la fameuse protesta de 1997 qui aura finalement échoué après des mois d'usure. Les paris restent ouverts pour connaître la durée de vie de cette nouvelle contestation !