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Divorce ou répudiation

par Moncef Wafi

«Mansoutich», le désormais célèbre refrain de Dz Joker, est considéré comme la première force politique du pays. Caricaturale comme assertion mais tellement réaliste lorsque plus de 60% des électeurs n'ont pas jugé bon de se rendre aux urnes ce jeudi. Et dire que rien n'a été laissé au hasard, multipliant les appels à la participation sur fond d'une campagne publicitaire importée. Aussi bien le gouvernement, ses relais que les partis politiques n'ont cessé d'exhorter le peuple à voter.

Malgré les supplications, les injonctions et même les menaces, la majorité des Algériens n'a pas été réceptive du discours politique, lui tournant allègrement le dos. Ce taux, qu'on dit bonifié, illustre ce divorce, consommé depuis longtemps, entre les citoyens et la chose politique quel que soit son support. Si les raisons de cette désaffection sont connues, le remède au désintérêt des Algériens aux urnes, lui, relève presque du miracle. Les législatives du 4 mai risquent d'être le point de non-retour de la nature même du suffrage universel à la sauce nationale tant les résultats sont toujours les mêmes et les réactions comme attendues écrites quelque part.

A chaque scrutin, les partis politiques crient à la fraude électorale, au hold-up et au vol. Des accusations qui contribuent à dégoûter un peu plus les Algériens de voter. Et apparemment le président du MSP se trompe lourdement lorsqu'il considère les boycotteurs comme les plus grands gagnants de cette élection puisqu'il faut faire un distinguo clair et net entre l'acte citoyen de s'abstenir de voter et celui hautement partisan de boycotter et de faire campagne pour. Tout comme cette prétendue opposition, les partis du boycott ne peuvent se prévaloir d'aucun ancrage populaire, incapables même de remplir une salle de cinéma pour animer un meeting. Le constat peut paraître implacable, douloureux mais la réalité algérienne dénie tout droit de représentativité aux formations politiques quelle que soit leur chapelle.

Ces résultats consacrent définitivement, non pas seulement une défiance du peuple par rapport à son système de gouvernance, mais à l'ensemble de l'exercice politicien et ses tenants. Reste maintenant à connaître la réaction des Algériens face aux communales, sachant la proximité des candidats avec leurs électeurs, mais aussi avec cette profonde certitude que les jeux sont faits et les quotas déjà distribués.