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Au fond, rien ne change

par Moncef Wafi

Peu de surprises ce jeudi ou pas du tout tant le résultat et ses à-côtés étaient programmés en amont. La seule inconnue étant dans le taux de participation. On est loin, très loin même des 50%, jugés comme seuil raisonnable pour légitimer un scrutin zappé, dès le départ, par les Algériens. Les chiffres de l'abstention et des bulletins blancs font mal à un gouvernement qui avait fait de la participation citoyenne au vote une priorité nationale. C'est également la preuve irréfutable du divorce de l'Algérien avec le système au pouvoir.

Pour ce qui est du prochain Parlement, là aussi peu d'enseignements à tirer si ce n'est l'omnipotence des partis du pouvoir, le FLN et le RND qui représentent toujours la majorité écrasante à la chambre basse. Les formations islamistes (Alliance MSP et Ennahda) deviennent la troisième force politique du pays avec 48 députés. Les partis satellitaires d'El Mouradia ont été récompensés pour leur campagne avec 13 sièges pour le MPA de Benyounès qu'on annonce de retour dans le nouveau gouvernement et 19 députés pour TAJ.

Faut-il voir dans ces données chiffrées une future indication pour les présidentielles de 2019 ? Une projection hasardeuse pourtant anticipée par Ould Abbès, le SG du FLN, qui refuse de croire à un quelconque échec après n'avoir obtenu que 164 sièges, oserions-nous dire. «Nous sommes et nous resterons à la première place», clamera-t-il avant d'exclure toute idée d'alliance même avec le frère ennemi du RND. «Ce sont les autres qui doivent s'allier à nous», relançant le débat saïdanien sur la locomotive et le reste du train.

L'autre conclusion majeure à tirer de ces législatives est cette implosion de la plateforme de Mazagran qui a volé en éclats, une première fois, quand il a fallu se décider ou non à participer à ces élections et l'intime conviction du courant islamiste d'avoir été trahi par les partisans du boycott. Abderrezak Makri, le président du MSP, a voulu interroger les boycotteurs sur la marche à suivre, les accusant d'avoir prolongé la vie du système «à travers votre boycott». Le PT a fait du PT, dénonçant «un coup d'Etat» contre la volonté du peuple, dénonçant un bourrage des urnes pour doper le taux de participation et promettant d'«introduire des recours au niveau du Conseil constitutionnel». L'histoire a toujours retenu que les vaincus n'avaient pas droit de parole. Encore moins en Algérie. Sinon, quoi retenir de ce 4 mai ? Rien, à part qu'au fond rien ne va changer.