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Un 1er Mai si particulier

par Moncef Wafi

Le 1er Mai a un goût amer pour les travailleurs algériens, du moins pour les adhérents aux syndicats autonomes. Une date et un contexte particuliers qui s'inscrivent dans une symbolique biaisée du fait même de la nature de la célébration et des dessous politiques inhérents.

A Oran, le rassemblement de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) n'a pu se tenir hier, empêché par un impressionnant dispositif policier. Ses adhérents arboraient comme slogans protestataires «la défense du pouvoir d'achat, la défense de l'emploi et des libertés syndicales». Tout un programme. De Tiaret, le patron de l'UGTA, aux côtés du ministre du Travail, tirait comme à ses habitudes sur les syndicats autonomes, diabolisés et accusés d'antipatriotisme. Au milieu, des centaines de milliers de travailleurs amputés d'une partie du pouvoir d'achat à cause des augmentations décidées par la loi de finances 2017. Ce 1er Mai s'inscrit aussi, et malheureusement dans la durée, en pleine période de crise avouée enfin par le gouvernement.

Le Premier ministre l'a reconnu en affirmant que le logement social agonise. Sellal, en autorisant les entreprises du BTPH à surseoir au paiement des impôts, en attendant d'être régularisées, évente un secret qui n'en est plus un depuis longtemps. Plus qu'un secret, une vérité d'un Etat en grosses difficultés alors que 2018 n'a pas livré son verdict. Cette date, internationalement marquée par le fait politique, n'échappe pas à la lecture nationale et sa proximité avec les législatives lui confie presque un statut d'élection à blanc. L'UGTA en tambour de résonance du gouvernement d'un côté et en face, de l'autre côté de la rive, les syndicats autonomes, véritables réceptacles ouvriers. Sauf qu'en politique les partis de l'opposition ne sont pas à la hauteur de l'action syndicale autonome.

Cette digression consommée, le 1er Mai de cette année ne saurait se départir des classiques fondamentaux de la lutte ouvrière même si le bleu de chauffe risque de devenir un vêtement passé de mode. Les plans sociaux, même déguisés, se multiplient un peu partout dans les secteurs d'activité et l'Etat ne cesse de pousser les travailleurs vers le privé où les droits syndicaux ne sont pas une priorité du patronat. Bonne fête quand même !