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Des questions toujours et encore !

par Moncef Wafi

Que nous réservent les prochaines législatives ? Rien de bon à la lecture des informations entourant la préparation de ces élections, la confection des listes des candidats et le profil de ces derniers. Le propos est de convoquer la célèbre répartie de feu Boudiaf «Où va l'Algérie ?» qui serait la plus appropriée à ce cas de figure mais la réponse n'est pas forcément à la hauteur du point d'interrogation.

En tout état de cause, le prochain Parlement est déjà promis à une campagne de dénigrement sans précédent puisque, et à la lumière de l'expérience de la dernière fournée de députés, on est en droit de s'interroger sur la compétence et la moralité de certains représentants du peuple. Des questionnements légitimes d'autant plus que le scandale entourant les pots-de-vin payés pour une bonne place dans les listes des candidats fait grande tache. Comment faire à priori confiance à un candidat qui corrompt en amont pour s'asseoir dans l'hémicycle Zirout Youcef et défendre théoriquement les intérêts des Algériens ?

Le niveau d'instruction de ces mêmes candidats est sérieusement remis en question dès lors, et selon les chiffres de l'Intérieur, près de la moitié des candidats pour la députation n'ont pas le bac, un niveau basique pour des parlementaires censés débattre des textes de loi régissant le quotidien de leurs concitoyens ou du moins comprendre de quoi on parle. 342 candidats n'ont même pas dépassé le cadre primaire, c'est dire ce qui nous attend. Notre propos n'étant pas de dénigrer les gens qui n'ont pas de diplôme en papier en guise de niveau, offert gracieusement ou remporté de haute lutte, mais de constater que les législatives du 4 mai ne sont ni plus ni moins qu'une perte de temps et d'argent. Le fait d'insister sur cette question de compétence est rendu d'autant plus d'actualité que le véritable choc économique pour l'Algérie est prévu, de l'avis de toutes les institutions, en 2018 où l'onde de choc de l'effondrement des prix du baril se fera le plus ressentir.

L'autre fait notable est cette suspicion grandissante autour de l'honnêteté de ces élections qu'on nous présente comme un modèle du genre. Tous les partis politiques qui ne gravitent pas dans le giron d'El Mouradia sont unanimes à reconnaître qu'on se dirige encore une fois vers des urnes «sales». A titre illustratif, et de l'avis de Soufiane Djilali, le président de Jil El-Jadid, ce sont les indications données par Bedoui sur le nombre des électeurs inscrits sur la liste électorale estimé à 23 millions alors que le département de l'Intérieur avait évoqué que la liste comprenait quelque trois millions de personnes décédées. «Comment peut-on passer de 22 à 23 millions après assainissement de la liste ?» s'interroge-t-on encore. Les points d'interrogation, aussi nombreux que les dos-d'âne, s'amoncèlent pour aller mourir tranquilles dans le cimetière des questions restées sans réponse.