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La liste FLN est le prochain gouvernement

par Mahdi Boukhalfa

Au FLN, c'est la nuit des Longs Couteaux. La liste des candidats-ministres, ou ex-ministres, qui vont entrer dans la bataille électorale, n'étonne pas. Non pas par l'éviction de certains cadres du parti, du rejet de la candidature de ministres en poste, mais parce qu'elle donne des signes évidents que l'ex-parti unique reste fidèle à ses principes. D'abord, il y a le choix des personnalités à engager dans la course électorale, ensuite les priorités à respecter. Dans les deux cas, le FLN version Ould Abbès a démontré que la décision du choix des cadres et militants devant être portés candidats ne revient pas à la direction du parti. Du moins pour ceux détenant des portefeuilles ministériels.

L'éviction du ministre de la Santé ou celle du ministre du Tourisme sonne comme une fin de règne, un départ programmé dans quelques mois. En fait, leur présence au sein de l'exécutif n'est tolérée que par rapport à l'agenda politique. Il est évident du reste qu'Abdelmalek Boudiaf a été mis à mal par l'affaire du complément alimentaire pour diabétiques, «Rahmet Rabbi». Mais, l'approche des élections législatives lui aura accordé un sursis. De quelques mois. Nouri, lui, quatre fois wali, deux fois ministre, ne fait pas le poids pour Djamel Ould Abbès. Pour lui également, le rejet de sa candidature est en quelque sorte la porte de sortie du gouvernement, même s'il reste un militant peu actif et plutôt un serviteur de l'administration.

Bref, au FLN, la méthode de confection des listes électorales ne change pas, même dans un nouvel environnement politique où le pluralisme commence, «cahin-caha» et en dépit des éternels obstacles de l'administration, à s'incruster. Car ce n'est toujours pas la direction du parti qui décide mais seulement propose. Le timonier, celui qui désigne, et qui congédie, c'est le président. Normal, c'est le chef de l'Etat qui désigne les ministres et le chef du gouvernement. Et comme en Algérie, même avec la nouvelle Constitution, on ne peut être ministre sans être militant d'un des deux partis au pouvoir, on fait donc partie d'une équipe qui gagne et les éléments susceptibles de faire gripper la tactique de jeu politique et électorale ne seront pas retenus dans la liste des titulaires.

C'est aussi simple que cela, d'autant que les ministres qui auront été coupables de fautes graves ne seront dès lors pas retenus pour la course électorale, ce qui est en soi une porte de sortie toute désignée de l'équipe gouvernementale à venir. Les cadres du gouvernement, eux, resteront à leurs postes pour poursuivre l'exécution du programme du président. Ils seront là dans le prochain gouvernement qui sera issu des élections législatives de mai 2017. C'est aussi simple que cela. C'est comme si en quelque sorte la désignation des têtes de liste du FLN, qui va rafler la mise, à n'en pas douter, préfigure déjà la composante du futur gouvernement, tout comme les ministres RND de l'actuel exécutif qui n'ont pas été «autorisés» à se porter candidats. D'abord pour les préserver d'une défaite certaine, ensuite pour les garder «au frais» pour le prochain exécutif.

Tout autant Bouchouareb que Mebarki ont un programme de travail au long cours, dont l'installation de constructeurs automobiles et la formation aux métiers de la mécanique. Il aurait été tactiquement suicidaire de les plonger dans la bataille électorale. Pour le reste, les apparences sont sauves, même les protestations des partis d'opposition qui reprochent à l'administration son parti pris. Tous les ingrédients d'élections législatives banales sont là, réunis.