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Y aller ou pas !

par Moncef Wafi

Le dernier parti indécis s'est prononcé, ce samedi, décidant de participer aux élections législatives et locales. En effet, le Comité central du Parti des travailleurs (PT) a entériné la décision mettant fin ainsi à l'attente. Loin d'être une surprise, la participation du PT au prochain scrutin était attendue malgré le suspense voulu par le parti.

Si Hanoune laisse la porte ouverte à d'éventuels «changements», elle conditionne la présence de ses listes par des garanties gouvernementales quant à la transparence des élections. Le PT exige des urnes propres, menaçant de les boycotter si le gouvernement Sellal ne répond pas aux interrogations du Comité central. La SG du PT usera d'un lexique fort, n'hésitant pas à évoquer un «hold-up», de «danger pour l'Algérie», oubliant que sa présence électorale a toujours cautionné le régime en place. Il est naïf de croire que le PT découvre aujourd'hui que les élections en Algérie n'ont jamais brillé par leur transparence, et c'est un euphémisme, et sa montée au créneau pose beaucoup de questions. Sur les garanties à donner sur la neutralité de l'Administration, de l'armée et des ministres et sur le rôle de la Haute Instance chargée de la surveillance des élections, le PT ne fait que recycler un vieux tube des années Bouteflika et sait pertinemment que les garanties offertes par le pouvoir ne sont qu'orales. Et avec toutes ces certitudes, vérifiées dans le temps, le parti prétend encore croire en des élections honnêtes. Hanoune ne peut sciemment hypothéquer les chances de survie de sa formation politique en décidant de ne pas aller vers les urnes, pourtant ses appréhensions peuvent avoir d'autres sources à chercher dans la fin de règne du DRS, ancienne version. En effet, on prêtait au PT des appuis au sein même de l'Administration, du temps de Toufik, et du partage des sièges, un deal qui pourrait être remis en question au détriment du PT. La position du Parti des travailleurs, même si elle paraît plus tranchée que celle du RCD qui subodore, lui, une fraude à grande échelle, n'est pas exempte de reproches. Que ce soit les démocrates, les républicains ou les islamistes, aller à des élections qu'on frappe déjà du sceau de la fraude serait contraire à toute forme de logique. Y participer équivaut à une reconnaissance tacite de la pratique, si bourrage des urnes il y a, et une caution du régime. Dans ce cas de figure, la position de Benflis était-elle la plus appropriée ? Peut-être, même si cela ne l'a pas empêché d'avoir été doublement un candidat malheureux à des présidentielles qu'on disait déjà à l'époque jouées d'avance.