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De compromis en compromissions

par Moncef Wafi

Les dernières concessions du ministère des Transports et des Travaux publics faites aux transporteurs est la parfaite illustration de ce qu'est devenue l'Algérie post-loi de finances 2017. Plusieurs facilités leur ont été octroyées par la tutelle juste pour ne pas augmenter leurs tarifs et préserver ainsi cette pesante paix sociale. Dans cette logique de surenchère, les transporteurs ont fait valoir des arguments commerciaux infaillibles prouvant par A+B qu'en face des augmentations de la TVA, du carburant et des pneus, ils n'avaient d'autres choix que de revoir à la hausse le prix de leurs prestations.

L'Etat, dans sa fuite en avant, a préféré geler certaines décisions prises en amont pour satisfaire les exigences des syndicats des transports. Cette tactique gouvernementale d'abandonner le terrain à l'adversaire, convoquée par des considérations purement politiciennes, ne doit pas pour autant faire oublier que la sécurité publique peut être mise en danger par des démarches plus proches de la compromission que du compromis.

En effet, et parmi les «largesses» gouvernementales, l'achat de bus d'occasion pour le transport de voyageurs pour ceux qui veulent renouveler leur flotte alors que le système actuel les oblige à acquérir du matériel roulant neuf. L'autorisation étant accompagnée du traditionnel souci de sécurité à travers le quitus du contrôle technique. Aberration alors que l'Etat essaye de lutter contre la délinquance routière et que le sang des dix morts de Biskra tués dans la sortie de route d'un bus n'a pas encore séché.

Comment alors faire confiance aux pouvoirs publics dans leur lutte contre le terrorisme routier alors qu'ils tolèrent, encouragent même, la mise en circulation de vieux véhicules, contrôle technique ou pas ? La question mérite d'être posée alors que les usagers des transports publics s'attendaient à un tour de vis des autorités pour réguler et discipliner un secteur anarchique, voilà que ce même Etat renie ses engagements en lâchant la bride à des transporteurs dont le dernier souci est le citoyen. Ce dossier témoigne du manque de fermeté d'un gouvernement qui ne sait plus anticiper sur les événements et qui se rabat sur une politique de bricolage qui n'augure rien de bon. Un état de fait qui appellera certainement d'autres concessions puisque la brèche vient de s'ouvrir.