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Que cesse le massacre

par Moncef Wafi

Deux accidents meurtriers de la route à la frontière entre Ghardaïa et Ouargla et à Biskra viennent rappeler que l'espérance de vie des usagers de l'asphalte n'est pas vraiment optimale. 17 morts dans le renversement d'un bus de transport de voyageurs et dans la collision frontale d'un véhicule utilitaire avec un semi-remorque rappellent aussi l'implication de ces poids lourds de la route dans les accidents les plus mortels. Un sentiment de «déjà-vu», un feuilleton qui revient en boucle dans la chronique algérienne alors qu'aucune solution ne semble y mettre un terme.

Des routes avec zéro victime n'existent même pas en Allemagne ou dans les pays scandinaves mais ailleurs les gouvernements ont mis les moyens pour limiter le nombre des morts. Ils ont initié une politique pas que répressive pour sécuriser leurs routes. Si le chauffeur est toujours le premier coupable des drames en Algérie, il n'en est pas le seul responsable. L'état même des chaussées, l'absence de signalisation adéquate, de la conception technique même de nouveaux axes routiers rentrent parfois dans la ligne de mire. L'absence de civisme et de culture de la conduite fait le reste. L'Algérien au volant reste prédisposé à l'agressivité, réceptif au doigt d'honneur, intempestif dans ses choix.

On ne peut pas donc dissocier cette violence génétique générale du comportement de voyou derrière un volant. Allez faire une tête-à-queue à un père de famille accompagné de ses enfants et vous découvrirez un personnage de Mad Max qui vous colle au train. Allez griller la priorité à une maîtresse d'école et vous entendrez un chapelet d'insanités qui ferait rougir un charretier. Le comportement criminel de certains chauffards n'a d'égal que le nombre de victimes qu'ils font, à l'abri de leur cabine conventionnelle. Les conducteurs de bus de transport de voyageurs qui rêvent de s'appeler Schumacher, Vettel ou Hamilton sont plus nombreux que l'on croit et prennent les routes de l'Algérie pour des circuits de Formule 1.

Combien de fois n'a-t-on pas diffusé sur les réseaux sociaux de vidéos montrant des bus dépasser les 160 km sans qu'apparemment enregistrer de réactions. Ces chauffards sont connus et dénoncés et ne pas les mettre au pas soit par la justice qui doit s'autosaisir, soit par les propriétaires des bus est en lui-même une complicité de meurtre. Si le gouvernement Sellal a décidé de taper dans le portefeuille des automobilistes, favorisant ainsi le risque de corruption, il est plus que temps de décréter une véritable chasse à ces assassins de la route en n'hésitant pas à les dénoncer au premier barrage de police rencontré et en aggravant les peines de prison pour les récidivistes.