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Les images
des violentes émeutes de Béjaïa ont ravivé des
mauvais souvenirs dans la mémoire collective et les Algériens craignent plus
que tout un dérapage de la rue manœuvré par des forces occultes, intérieures et
extérieures, qui veulent précipiter le pays dans le chaos. La grève générale
lancée via des tracts anonymes et relayée par les réseaux sociaux n'a eu que
peu ou prou d'écho chez les commerçants n'était-ce à Béjaïa
ou à un degré moins Bouira et Bordj Menaïel. L'action sent, pue la manip puisqu'on voit mal des
commerçants baisser rideau pour dénoncer les augmentations des prix alors que
ce sont eux les premiers qui ont répercuté ces hausses en amont bien avant leur
entrée en vigueur officielle.
Ce qu'on redoute encore est cette propagation insidieuse de la rumeur colportée et semée dans le reste du pays. Hier, les bruits d'émeutes à Alger ont commencé à circuler, «nadat f dzaïr», répétait-on à Oran. Et il y a comme un parfum d'un 5 Octobre dans l'air, ce que le gouvernement n'a pas pu anticiper. Hier encore, la quasi-totalité des magasins sont restés fermés à travers la wilaya de Béjaïa alors que le premier jour de la grève a été marqué par de violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. Bilan: plusieurs magasins ont été pillés et des édifices publics saccagés, des commissariats caillassés. Dans pareil cas, le mouvement de rue ne peut échapper aux casseurs qui prennent le contrôle des opérations. En arriver à incendier un bus de transport urbain et détruire les abribus qui ne sont utiles qu'à la population relève de l'absurdité, d'un manque de culture. Prendre en otage une ville par une bande de jeunes casseurs désœuvrés qui règlent leurs problèmes existentiels avec l'autorité en brûlant et pillant n'est pas la meilleure idée de ce début d'année alors que d'autres moyens sont plus appropriés pour revendiquer ou dénoncer. Faut-il pour autant en vouloir aux Algériens de se révolter ? L'attitude méprisante d'un gouvernement qui n'a de cesse de réprimer, de quadriller la liberté de pensée et de bâillonner les voix de l'opposition finira bien par pousser les Algériens à prendre possession de la rue. En attendant, ils préfèrent fuir un régime qui n'a d'autres réponses que d'envoyer les opposants, quelle que soit leur chapelle, devant les tribunaux et sortir les matraques de leur fourreau. Ils sont chaque jour de plus en plus nombreux à traverser clandestinement la Méditerranée, avec femme et enfants. Ils sont des milliers à demander l'asile à l'étranger, des cadres sup font même partie de ces harraga au col blanc. Le reste attend que ce gouvernement change de cap ou laisse la place à plus compétent. |
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