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2017, année érosive

par Moncef Wafi

Bouteflika, en guise de cadeau de fin d'année offert aux Algériens, a entériné la loi de finances 2017 enterrant les derniers et infimes espoirs de voir ce texte de loi corrigé. Et c'est avec de nouveaux prix affichés que les Algériens ont découvert le nouveau visage hideux du nouvel an. Ainsi, les automobilistes devront payer plus cher à la pompe le carburant sous toutes ses déclinaisons en dehors du GPL pour soutenir le budget de l'Etat. L'effet domino de cette seule augmentation va entraîner des hausses en chaîne touchant presque tous les secteurs d'activité en plus de l'augmentation de la TVA qui devra achever le citoyen à moyen revenu.

On est loin, à des années-lumière du dernier discours rassurant d'un Premier ministre qui, pour contredire les vérités des prix, fait une confidence aux Algériens sur son marché du coin. Difficile de faire plus léger pour rassurer les citoyens laissés seuls face à la loi de la mercuriale. Cette solution de facilité de se défausser sur le portefeuille du consommateur, érigée en mode de gouvernance depuis presque trois années, devra connaître rapidement ses limites lorsqu'il ne sera plus possible de traire davantage la poche du citoyen au risque de le pousser dans la rue. Et le premier véritable test pour le gouvernement, pour ce début de nouvel an, est cet appel à une grève générale des commerçants, ajournée avant d'être annulée à Tizi Ouzou, prise très au sérieux par l'Etat.

La décision du département de l'Intérieur d'ordonner aux RG d'ouvrir une enquête pour identifier les auteurs de cet appel qualifiés de «fauteurs de troubles anonymes» renseigne sur les appréhensions du régime qui redoute par-dessus tout une action coordonnée qui peut déboucher sur une insurrection civile. Ni marche populaire ni sit-in encore moins de contestations planifiées ne peuvent s'inscrire dans la durée et renverser le pouvoir en place. 2017 sera également, à n'en pas douter, l'année où les libertés, quelles qu'elles soient, seront plus surveillées avec un maillage sécuritaire renforcé de la Toile. La liberté d'expression sera fortement surveillée et l'anonymat relatif des réseaux sociaux ne sera plus une assurance contre l'inquisition de l'Etat.

Le cas Tamalt et de certains facebookistes interpellés après des publications jugées diffamatoires et injurieuses contre la personne du chef de l'Etat est une preuve de cette chasse ouverte sur les derniers territoires encore accessibles pour la liberté de dire et de critiquer.