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Des mises en garde exagérées

par Moncef Wafi

Le Travel Warning dont la dernière mise à jour remonte à mardi 13 décembre a irrité au plus haut point Alger qui a répondu aux recommandations de sécurité de Washington destinées à ses ressortissants résidant ou voyageant en Algérie. Le ministère des Affaires étrangères (MAE) estime que les mises en garde des Américains sont exagérées ou du moins conditionnées par des clichés dépassés, d'autant plus renforcés par des rappels d'attentats terroristes datant de deux voire trois ans en arrière. Les Algériens reprochent aussi cette propension facile et tendancieuse de percevoir la situation sécuritaire en Algérie «à travers des prismes déformants».

Si le département d'Etat (l'équivalent de notre MAE) est dans son rôle d'assurer la sécurité des Américains à l'étranger, il est par contre malhonnête d'affirmer que les groupes terroristes restent actifs en dehors des grandes villes fortement sécurisées. L'Algérie, et malgré sa peu flatteuse place de 108ème sur 162 dans le classement des pays les plus paisibles, est à des années-lumière de celle des attentats aveugles à la voiture piégée, des grands massacres et des faux barrages des années 90.

Le rapport américain semble ne pas prendre en considération ce qui a été réalisé sur le plan sécuritaire depuis le début de ce siècle et se contente de focaliser sur deux ou trois attentats pour asseoir sa théorie de pays à risques. L'argumentaire américain se repose sur septembre 2014 et l'enlèvement puis l'assassinat d'un touriste français dans la région de la Kabylie ou encore à la prise d'otages de Tiguentourine pendant laquelle trois Américains ont été tués, comme tiennent à le rappeler les rédacteurs du document.

Le MAE revient sur le travail de l'armée et des corps de sécurité, qualifiant la mise à jour américaine de contre-productive et malvenue. Pourtant les Américains ne sont pas les seuls à interdire à leurs ressortissants de se balader librement en Algérie puisque les Français ont également invité leurs concitoyens résidant en Algérie ou prévoyant d'y voyager à la plus grande prudence à cause des risques terroristes. Une réaction épidermique d'Alger qui renseigne sur la susceptibilité d'un régime qui cherche coûte que coûte à attirer les investisseurs étrangers et à relancer l'Algérie comme destination touristique. Si le rapport du département d'Etat met à mal l'image que veulent renvoyer les responsables du pays au reste du monde, il n'est cependant pas le seul à contribuer à l'ébréchure de la vitrine extérieure puisque les Algériens y contribuent grandement à travers une série de mesures aussi inutiles que maladroites.