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Sauver le soldat FLN

par Moncef Wafi

Des noms illustres de la Révolution ont appelé au départ de l'actuel SG du FLN Amar Saadani et de libérer le parti de l'emprise des cercles d'argent. L'implication des figures aussi importantes que Yacef Saadi ou Zohra Drif, pour ne citer que ces deux-là, dans l'appel des 14 moudjahidine pour «la délivrance du FLN confisqué» suggère de l'imminence de la chute du très controversé Saadani, déjà aux prises avec le mouvement de «redressement» initié par Belayat.

Si l'appel dénonce la mainmise de Saadani et de certains hommes d'affaires suspects sur le parti à des fins personnelles, l'opposition interne se voit bien rebondir en proclamant l'illégalité du SG. Au-delà des guerres de position et des intérêts, c'est la place politique même de Saadani qui est en jeu. L'homme à la réputation sulfureuse qu'on croyait jusque-là intouchable, à la lumière de son attaque contre Toufik et certains ministres dont il a eu la peau, a été victime de ses propres déclarations et de combats personnels qu'il savait peut-être perdus d'avance. Sa passe d'armes avec Ouyahia sur le front présidentiel et la question de la binationalité, sa parenthèse sur le Sahara occidental et sa demande de la tête du SG du RND ont été autant de défaites dans sa marche vers El Mouradia.

Si l'homme a été blessé à maintes reprises, et alors que tout le monde le croyait mort, il faisait vite de rebondir sortant de ses longues périodes de silence dont il est le seul à connaître le secret. Cette fois-ci sera-t-elle différente ? Ses détracteurs espèrent en finir avec son encombrante présence, lui reprochant son hégémonie sur le parti et surtout d'avoir ouvert grandes les portes à « s'hab chkara ». S'il n'est pas le premier à avoir mis les clés à la serrure, il est bien celui qui a donné les rênes de l'APN aux cercles que dénonce l'appel des 14 moudjahidine qui souhaitent le ralliement des anciens combattants à leur cause.

Si Saadani a de tout temps laissé penser à ses adversaires avant ses alliés qu'il est un pion indiscutable sur l'échiquier national, beaucoup remettent en cause sa proximité avec une aile forte du pouvoir politique. Pour les observateurs, le SG du FLN puise sa force de certains relais dans le gouvernement versés plus dans la culture des affaires que portés par la science de la politique. Quoi qu'il en soit, et comme toujours, la logique n'a pas de place dans l'Algérie de l'argent et au final c'est celui qui donnera le plus de deniers de l'Etat qui l'emportera.