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SALE TEMPS POUR LES MIGRANTS ALGERIENS

par Moncef Wafi

La descente, grandeur nature, de la Polizei allemande, ce jeudi, contre la communauté algérienne soupçonnée de connivence avec Daech annonce une tempête teutonne. Débarrassés de la bienveillance politique de Merkel, nos concitoyens en situation irrégulière en Allemagne doivent s'attendre à plus de fermeté et à moins de complaisance de la part des Allemands surtout après l'épisode de Cologne.

La nuit du Nouvel An, des agressions dont une grande partie à caractère sexuel ont été enregistrés. Premiers accusés, des ressortissants nord-africains en situation irrégulière. Conséquences directes de ces événements que certains pensent avoir été prémédités, la décision de la chancelière allemande de refuser dorénavant le statut de réfugié politique aux Algériens, Marocains et Tunisiens. Si la formule consacrée, plus diplomatique, est de rendre l'Allemagne moins attractive, la vérité c'est que Merkel, critiquée sur le dossier des réfugiés, de l'intérieur même de sa famille politique, avait besoin d'un prétexte pour déclencher la machine à expulsion. L'Autriche suivra quelque temps plus tard.

Le quitus de l'Algérie lui donnant la légitimité internationale, les lendemains des Algériens demandeurs de l'asile politique sont des plus incertains. Cette situation est d'autant plus inconfortable qu'elle est sérieusement liée à la menace terroriste. De par le passif sécuritaire de l'Algérie et de l'engagement de certains de ses citoyens dans la mouvance djihadiste, les Algériens sont tout simplement vus comme de potentiels terroristes islamistes. Ce qui s'est passé en Allemagne a déjà eu lieu en Belgique, en France ou en Italie mais n'a jamais ciblé une communauté particulière.

Que comprendre à travers cette opération musclée ? Est-ce un message direct adressé aux seuls Algériens pour leur faire comprendre qu'ils sont indésirables ? Les résultats mêmes des perquisitions, certaines ciblant symboliquement des centres d'accueil, n'ont rien donné trahissant par là l'aspect éminemment politique de l'action policière. Cibler ainsi une communauté donnée découle d'une discrimination criarde voulant montrer du doigt des Algériens générateurs d'une virtuelle menace terroriste validant ainsi la décision de Merkel de les chasser hors de son territoire. Quelle sera la réponse de la diplomatie algérienne ? Certainement aucune alors que Sellal lui-même avait acquiescé à la demande de l'Allemagne de se débarrasser définitivement d'une communauté qui au final n'est acceptée nulle part.