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LES «DIVISIONS BLINDEES» DE LA MAIN DE L'ETRANGER

par M. Abdou BENABBOU

On aurait tort de croire que Monsieur Ahmed Ouyahia se serait prêté à un jeu de chicane à la faveur d'une sortie de l'ombre qu'il n'attendait pas et que Sellal serait pour lui un excellent sparring-partner à boxer. C'est méconnaître l'homme en ne faisant pas cas de son intelligence avérée et surtout faire table rase sur sa connaissance parfaite des articulations profondes du pouvoir en place. Il se trouve seulement qu'il est l'un des rares hommes de la proximité de la décision qui a souvent le verbe vrai et probablement l'un de ceux peu nombreux restés fidèles à la rationalité.

Aussi, il serait naïf de le suivre dans la fausse représentation qu'il se donne de lui quand il affirme qu'il est l'interprète discipliné et rangé des basses besognes et qu'il ne fait que s'intégrer dans un ordre serré.

Peu importent les cases et les sphères où on l'intègre souvent, il a cependant pour lui l'avantage de ne pas être familier avec la langue de bois. On doit donc le comprendre quand il s'insurge contre la littérature populiste. Elle est la meilleure alliée de cette fameuse main de l'étranger que l'on brandit à tout bout de champ sans jamais en définir le profil pour se donner bonne conscience.

Bien entendu qu'elle n'est pas chimère et qu'elle a du tenant. Mais elle n'est pas non plus armada et divisions militaires blindées. Elle est combinaison de moult croisements et tiraillements d'intérêts qui, toujours en dernier ressort, donne raison aux plus forts.

L'Algérie ne vit pas en vase clos. Elle fait du négoce multiforme avec le monde. Elle abrite chez elle des intérêts étrangers. Elle s'associe avec qui le veut sur la base d'intérêts partagés que certains protègent et défendent comme ils défendraient la prunelle de leurs yeux. C'est devenu de bonne guerre et tous les coups sont permis aujourd'hui. Y compris les plus bas. Plus la gestion et la gouvernance d'un Etat sont farfelues et plus sa fragilité serait évidente offrant la disponibilité de son lit aux pires des turbulences.

Il ne viendrait jamais à l'esprit d'un Chinois, d'un Danois ou d'un Allemand d'invoquer une fantasmagorique main étrangère car leur puissance avant d'être conquête a été d'abord rigueur politique et économique. Le populisme n'est plus de leur temps.

Il devrait être encore moins du nôtre et il faudra bien reconnaître à Ouyahia le génie de savoir mettre les pieds dans le plat.