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LE MAD MAX LIBYEN

par M. Saadoune

Un «gouvernement local» a été annoncé dans l'est de la Libye par les défenseurs du fédéralisme qui veulent revenir au système en vigueur sous la Constitution de 1951 qui découpait le pays en trois entités administratives, la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzan (sud). A Tripoli, le gouvernement tenu en piètre estime par les milices a choisi de ne pas réagir officiellement. Il y a près de deux ans, en mars 2012, ceux qui avaient en charge le pouvoir à Tripoli avaient réagi avec vigueur contre les «séparatistes» qui ont proclamé l'autonomie de la Cyrénaïque et avaient accusé des pays arabes de «financer la fitna».

Si aujourd'hui le gouvernement présumé «central» ne dit rien, ce n'est pas parce qu'il considère que les «séparatistes» posent moins de problèmes. C'est tout simplement un signe de plus de son affaiblissement politique. Le gouvernement «local» annoncé jeudi, à l'est du pays, pour gérer les «affaires courantes» comporte 24 ministères. Le seul domaine où l'on ne concurrence pas Tripoli, pour montrer qu'on n'est pas «séparatiste», reste les affaires étrangères et la défense. Encore que pour ce dernier domaine le gouvernement «local» de Cyrénaïque prévoit la création d'une «Force de défense de la Cyrénaïque» et la division administrative de la région en quatre provinces. Ce ne sera donc pas un gouvernement «local» désarmé. Officiellement, le but de ce gouvernement local, présenté comme une première étape vers le fédéralisme, est une meilleure répartition des richesses. Et pour clore le tableau, il faut savoir que ce mouvement est directement soutenu par le chef des milices qui assurent la «garde» des terminaux pétroliers, Ibrahim Jodhrane.

Celui qui s'est auto-désigné «président du Bureau politique» de la région de Cyrénaïque contrôle via ses milices 60% de la production pétrolière du pays. Il en vend accessoirement directement à des navires étrangers. Depuis le début de l'été, l'action de ces miliciens des terminaux a coûté à la Libye des pertes de six milliards de dollars. Le gouvernement de Tripoli a choisi de faire dans le profil bas face à cette annonce. En raison de sa propre faiblesse. Mais aussi parce qu'à Benghazi les miliciens qui tiennent la ville sont contre l'autonomie et le fédéralisme. C'est la raison pour laquelle les «fédéralistes» font de Barka leur capitale et non la grande ville de Benghazi. Dans le Mad Max libyen légué par la «révolution de l'Otan», le gouvernement est officiellement contre les milices. Mais à Benghazi ces milices sont «utiles» puisqu'elles permettent de brider les ambitions des «séparatistes».

ON A DONC UN GRAVE PROBLEME TRAITE PAR DES MAUVAISES SOLUTIONS. TOUTE LA LIBYE EST DANS CETTE CONFIGURATION EXPLOSIVE. LE GOUVERNEMENT DE TRIPOLI POUR SE PROTEGER A RAMENE DES TROUPES DES FRONTIERES QU'IL A LAISSEES AUX MILICES. LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES LIBYEN A INDIQUE QUE 16.000 PRISONNIERS QUI SE SONT RETROUVES EN LIBERTE «SE FONT PASSER POUR DES REVOLUTIONNAIRES». EN REALITE, LES MILICES RECRUTENT. ET LES HOMMES EN ARMES SONT AUJOURD'HUI BEAUCOUP PLUS NOMBREUX QUE DURANT LA CAMPAGNE DE L'OTAN CONTRE LE REGIME DE KADHAFI. A TRIPOLI, FAUTE DE MIEUX, ON JOUE LES MILICES CONTRE D'AUTRES MILICES. DANS LE PLUS PUR STYLE MAD MAX.