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PAS DE RENTREE POUR LES PARTIS

par  K. Selim

C'est la rentrée des classes. Pour le pays dans son ensemble, c'est aussi la rentrée après l'apnée du ramadhan, où l'on aurait pu se passer de paraître inutilement bizarre aux yeux du monde si on avait évité de poursuivre des non-jeûneurs. Personne ne se serait rendu compte de leur existence et cela aurait été tant mieux pour tout le monde. Mais c'est ainsi : en ces temps «apolitiques» et très religieux, l'excès de zèle est de mise.

 Pour le reste, le ramadhan a respecté, n'en déplaise aux responsables du secteur du commerce, la vieille tradition du guet-apens sur les prix. Ceux qui ont appris à modérer leur consommation s'en sortent mieux que ceux qui ont cédé à la vague consumériste qui abîme la spiritualité du ramadhan. C'est donc la rentrée «sociale» avec des grognements de colère dans le secteur de l'éducation, malgré l'annonce préventive de répression du ministère de l'Education.

 Tension également perceptible au complexe d'El-Hadjar. L'une, confuse, se déroule au sein du syndicat, l'autre oppose de manière durable la multinationale indienne au syndicat. En toile de fond, une appréciation négative de l'apport d'Arcelor Mittal qui a pris en main les destinées du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Le secrétaire général du syndicat, Smaïn Kouadria, est très net : le bilan est globalement négatif et il est temps de mettre l'une des premières privatisations réalisées en Algérie (2001) à la norme du 51/49%.

 Le gouvernement partage peut-être l'appréciation de Kouadria, Arcelor Mittal n'ayant pas respecté les engagements pris initialement. Il peut en toute légalité - le contrat signé avec Arcelor Mittal arrive à échéance en 2011 - reprendre la majorité dans le complexe. Il aura à trancher sur le management futur du complexe. Il aura également à décider, à l'heure où sa politique économique suscite de l'incompréhension - c'est un euphémisme -, d'assumer un retour franc à l'étatisation de l'économie. Il est certain d'avoir le soutien du syndicat, alors que les économistes sont plus que dubitatifs.

 Voilà un sujet qui aurait pu faire l'objet d'un débat intéressant si les partis politiques n'étaient pas réduits à faire de la figuration. Si l'économie et les acteurs de la vie sociale entrent dans une longue et coûteuse apnée durant le ramadhan, les partis politiques, eux, sont condamnés à un congé de très longue durée. Les partis présents au Parlement se contenteront d'avaliser, sans débat, des ordonnances qui cadrent l'économie nationale. Bien entendu, une discussion ouverte au Parlement ne comporte aucun risque pour le système en place, mais elle aurait, du moins l'espère-t-on, permis à des avis différents de s'exprimer. Et Dieu sait qu'en la matière, des idées différentes de celles du gouvernement ne manquent pas. C'est ainsi !

 Ces partis pourraient fermer boutique le plus officiellement du monde et on ne s'en rendrait pas compte. Il n'y a pas de rentrée pour les partis, les vacances continuent. Bien entendu, il ne sert à rien de jeter la pierre aux partis politiques qui pèsent de peu de poids dans un système qui confond verrouillage politique avec paix sociale et civile.

 Ils pourraient cependant continuer, comme certains le font, ne serait-ce que par pédagogie, à se rappeler au bon souvenir du régime et lui rappeler que geler la vie publique ne gèle pas les problèmes du pays.