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FALLOUJAH, LE CRIME QUE L'ON VEUT CACHER

par K. Selim

La guerre en Irak, perpétrée par les troupes américaines et britanniques sous la conduite des néoconservateurs G.W. Bush et Tony Blair, ne finit pas d'égrener un chapelet d'horreurs. Une série d'articles, dont ceux publiés par le site Info-Palestine et le quotidien anglais The Independent, font suite à une émission de la chaîne satellitaire El Jazeera consacrée aux conséquences médico-sociales de l'attaque sur Fallouja.

 Les médecins signalent une augmentation spectaculaire de la mortalité infantile, des cancers et des leucémies dans la ville irakienne de Falloujah, bombardée par les Marines américains en 2004. Selon une enquête sur le terrain conduite par le professeur Busby, un des spécialistes britanniques les plus réputés en matière de maladies cancérigènes, les chiffres sont supérieurs à ceux enregistrés après les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Les médecins irakiens à Falloujah sont submergés depuis 2005 par les naissances accompagnées de malformations congénitales graves, enfants à deux têtes, aux membres inférieurs paralysés, etc. La fréquence des cancers est très nettement supérieure à celle qui prévalait avant le carnage de Falloujah.

 Ces données sont corroborées par l'étude qui montre la multiplication par 4 de l'ensemble des formes de cancers et une multiplication par 12 des cancers de l'enfant de moins de 14 ans. La mortalité infantile dans la ville martyre est plus de quatre fois supérieure à celle de la Jordanie voisine et huit fois plus élevée qu'au Koweït.

 Falloujah est fermée au monde extérieur. Encerclée, elle est interdite d'accès, et l'étude menée par des médecins occidentaux et irakiens s'est déroulée dans des conditions très difficiles. Le régime de la Zone verte et l'armée américaine maintiennent un embargo sur toutes les informations sanitaires relatives à Falloujah.

 Il est vrai que l'assaut des Marines contre une ville virtuellement désarmée a été d'une barbarie rarement égalée. Des milliers de tonnes de bombes ont été déversées sur de très petits périmètres. Les armements massivement utilisés pour détruire les habitations censées abriter des résistants comprenaient des munitions à uranium appauvri et des explosifs au phosphore blanc. Les victimes civiles, femmes, enfants et vieillards, se comptent par milliers. Falloujah a été le théâtre d'un crime de guerre à grande échelle sur lequel le gouvernement américain et ses supplétifs irakiens veulent imposer le silence le plus complet.

 Les médecins qui ont étudié les conséquences des atrocités américaines sont menacés de mort et harcelés, sans qu'aucune ONG ni aucune instance internationale ne porte ces faits strictement documentés à la connaissance de l'opinion internationale. Pas un mot non plus du pétulant procureur Ocampo de la Cour pénale internationale, si prompt à vilipender des tyranneaux africains dont les crimes, bien réels, sont loin d'égaler ceux de leurs maîtres de Washington et de Londres. La guerre illégale menée en Irak a été un carnage : des centaines de milliers d'habitants de ce pays ont été exterminés.

 Aujourd'hui, les criminels qui portent au premier chef la responsabilité de ces horreurs coulent des retraites paisibles, quand ils ne sont pas, comme Tony Blair, chargés de mission internationale de premier plan. Qu'ils ne s'inquiètent de rien : tout ce qu'ils risquent est de se voir décerner le prix Nobel de la paix pour l'ensemble de leur œuvre. Les porte-parole de la Civilisation pourront toujours se glorifier des valeurs naturellement supérieures de l'Occident. Il suffit de regarder les enfants de Falloujah pour s'en convaincre.