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La fin du sleeping partner ?

par K. Selim

Les annonces relatives à la promotion de l'investissement dans le cadre de la loi de finances complémentaire devraient être positivement reçues par les experts et par les entrepreneurs. Elles ne modifient pas mécaniquement une logique économique pénalisante pour la production interne, elles sont néanmoins des signes d'une prise de conscience salutaire.

Il faut néanmoins attendre de voir la couleur de cette nouvelle politique. Le ministre des Finances a indiqué que les autorités étaient en train «d'affiner» leur réflexion. La réorientation annoncée n'en est qu'à la phase de l'annonce. On attend donc une série d'actions cohérentes pour soutenir l'investissement dans une perspective de développement.

Les dernières statistiques douanières sont éloquentes : l'économie nationale s'enferme de plus en plus dans une dépendance aux hydrocarbures et aux importations. Le marché algérien a été ouvert, dans l'attente très optimiste des IDE, sans contrepartie. La création d'emplois et les investissements étrangers dans les secteurs productifs relèvent davantage de l'incantation que de la réalité pratique.

L'expérience le montre : l'obéissance à des règles édictées pour conforter les positions des plus riches sous couvert de «liberté» de circulation des capitaux ne s'est pas traduite par un mieux pour l'économie nationale. La polémique actuelle avec les dirigeants de l'Union européenne a montré que l'égoïsme des uns a été conforté par la crédulité des autres.

En acceptant de facto un rôle de sleeping partner tout juste digne de passer à la caisse, l'économie algérienne entérinait sa sujétion à des décisions prises ailleurs. Et se condamne à subir passivement des fluctuations de marchés sur lesquelles elle n'a aucune prise.

De nombreux experts le soulignaient depuis longtemps : le soutien déterminé à l'investissement et la définition d'une politique de développement sont les seuls instruments susceptibles de sortir de l'impasse des fausses rationalités du désarmement tarifaire et de la «libre» concurrence.

Les pays qui ont assuré à marches forcées et en peu d'années un réel niveau de prospérité sont précisément ceux qui ont mis de côté les théories ultralibérales pour appliquer résolument des stratégies construites sur le principe de réalité et l'intérêt national. L'expérience de ces pays mérite d'être étudiée : le volontarisme coréen ou malaisien a effectivement embrayé sur un partenariat privé-public efficace mais aussi, surtout, sur une administration de très haute qualité.

C'est sur l'impulsion de l'Etat et grâce à une technostructure respectée et reconnue que s'est construit le succès de ces pays. Le succès des mesures de soutien à la production nationale dépend pour une large part de la qualité de l'administration - pas seulement économique d'ailleurs - du pays. Dans les pays d'Asie orientale, l'administration est l'un des facteurs majeurs d'efficacité des stratégies d'édification. C'est un prérequis pour assurer l'efficience des mesures d'incitation à l'investissement.

Quand les investisseurs algériens, privés ou publics, investiront dans leur pays, les étrangers suivront assurément. Imaginer l'inverse et attendre que l'étranger vienne prendre en charge nos problèmes est illusoire.