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Khatar

par El-Guellil

Ce qui reste d'une poussette est transformé en étal roulant que traîne un individu à peine plus propre qu'un microbe. Beaucoup de sni des plateaux de pizza douteuse sont superposés sur cet étal à roulettes. C'est devant un marché populaire où les mouches ne dérangent nullement la convivialité des cafards et des blattes, c'est là qu'il trace son périmètre. Juste à côté, le marchand de karène le toise. Ce n'est pas un concurrent mais il dérange. Le marchand de cherbète, ce jus de citron d'un jaune douteux, vient en appoint. Manque donc le dessert. Le marchand de chamia. Il ne tarde pas à pointer. Voilà donc le menu au complet. Une carte au choix. Koul ya meskine. Le sbitar est à quelques pas? koul à pas cher et crève batal. « Faut bien qu'ils gagnent leur vie ces pauvres bougres », que vous vous dites. «Vous préférez peut-être qu'ils aillent voler ?» Et? hop le raccourci. C'est donc, soit accepter que ces pauvres bougres empoisonnent d'autres bougres ou que ces pauvres bougres agressent d'autres bougres. Bougres que nous sommes, nous devons nous taire devant ce danger, pendant que les services d'hygiène et de la qualité se terrent et se cachent derrière des bilans pompeux. Style « saisie de cent poulets avariés et fermeture de commerces pour défaut de? ». Trois, quatre opérations coup de poing que les « journaneux » en mal d'infaux reprennent pour remplir les colonnes de faits d'hiver et d'été. On traque donc les commerçants qui ont pignon sur rue. Des magasins recensés, en règle, qui n'ont pas droit à l'erreur. Les autres les ambulants et leurs foyers de microbes, ça ne dérange personne, sauf les petits bourgeois aux corps délicats. Quoi, les épidémies ? C'est pas le problème des autorités locales. Celles-là naviguent plus haut. La santé publique, c'est juste le ramassage des poubelles?