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Aumône

par El-Guellil

Il se gondolait quelque bar accompagné de grandes personnalités de l'art et de la culture. Se gondoler c'est se bomber sous l'effet de la chaleur ou de l'humidité. C'est Larousse. La brune, pour elle se gondoler c'est se tordre de rire, c'était vraiment le cas ! Tenez-vous bien. Autour de la table il y avait cinquante ans de peinture derrière des lunettes qui ne savaient refléter que la sagesse et le bon sens. Une palette de gentillesse qui ferait rougir n'importe quelle couleur. Il y avait Krimo, pour ne pas le nommer, celui-là, on le préférait assis. Car debout il nous rappelait notre « naintitude ». Entre chaque verre, une poésie douce d'arguments politiques et culturels imposait le respect. Il y avait le sosie de Sarkozie (hachakoum), on va l'appeler Sarkozine, car le nôtre en plus de la connaissance, il a le racisme en moins. Mousse s'occupait de sa frimousse, incitateur taciturne et provocateur mine de rien. Il se trouvait aussi le silence bruyant d'un autre peintre aux yeux bridés et la création fertile.

Tout ce beau monde autour d'un moment de bonheur, quand arrive un zombie zarbi debout derrière sa main tendue. Un jeune, trente ans, peut-être ?«Donnez mois quelque pièces bach nechri? «Allah yaafou alikoum.» Voilà un mendiant qui vient culpabiliser l'aumône qu'il demande. Voilà le nivellement par le bas. Tu es accusé de pouvoir t'attabler et payer tes consommations. Tu es accusé donc d'avoir un boulot et un budget à gérer tant mal que mal.

«Allah yaafou alik» toi qui simule une maladie, qui ne sais utiliser ton bras que pour tendre la main au bon chœur qui produit des richesses. Voilà ce que lui a été répondu par cette table qui sait installer la charité à la place qu'il faut.