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Tout conte fait

par El-Guellil

Il était une fois, deux fois, trois fois, le conte ne cesse d'être répété, une très belle fille, jeune, intelligente, issue de familles nobles qui avaient marqué l'histoire par leur courage, leur témérité depuis l'ère des temps.

 Pour la jeune fille, les courtisans venaient de partout, convoitant sa grâce, sa richesse humaine, chacun vantant, à qui mieux mieux, ses origines, espérant une alliance à vie. Ses tuteurs, grâce à elle, étaient de toutes les fêtes et manifestations. Que de propositions n'ont-ils pas reçues, que de présents. Ils étaient choyés, tirant bénéfice des uns et des autres, faisant jouer la concurrence et assurant leurs arrières. Il ne fallait surtout pas laisser, à la jeune fille, le choix du partenaire. Trop jeune elle était, pensaient-ils. Elle n'avait pas la maturité suffisante pour choisir son parti. N'importe quel aventurier pouvait la berner. Qui mieux que ses «parrains» pouvaient décider à sa place. Devant cette situation, ses parents, autoproclamés, conseillés par on ne sait quels saints, décidèrent, en commun accord, afin d'honorer son nom, de la marier par «appel d'offres». Sitôt décidé, sitôt lancé. Le retrait des cahiers de charges s'est fait dans les temps, les propositions fusent de toutes parts. La séance d'ouverture des plis fermés se tient, les propositions sont alléchantes. Mais d'autres considérations sont venues se greffer. Les parrains n'ont pu se mettre d'accord. Chacun avait ses penchants pour un candidat. «Celui-là, son grand-père, il y a des ans, ne m'avait pas dit bonjour». L'autre, l'origine de sa fortune n'était pas très claire. «Jamais celui-là, même s'il offre le double des autres, il ne l'aura. Il y a cent ans, il était voisin de notre ennemi juré». Bref, une grande «belbala» qui fait qu'un autre avis d'appel d'offres a été lancé. Puis un autre, puis une autre belbala. Puis le président s'est vu démis de ses fonctions par la force. Un autre est installé par cette même force. Il démissionne. On fait appel à un autre, on veut le faire démissionner. Les avis d'appels d'offres se font de plus en plus rares. La jeune fille, comme à une rose, l'âge a flétri sa beauté. Elle vieillit. Meurt. Enterrée... Les soupirants d'hier entourent sa tombe criant, qui «Allez... allez ! Allez les vers, allez !», qui «Mange-la ya douda, mange-la ya douda».

Les descendants des parrains, eux, vivent toujours. Cette jeune fille était aussi belle que l'Algérie !