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Le pays va comme il
va. Il n'y a qu'à lire les journaux. Mais va-t-il plus mal qu'avant ? Avant l'ère où nous étions sous le
joug de la colonisation. Où nos rues ne nous appartenaient pas. Où nos vies
étaient au rabais. Ah c'est sûr, la ville et ses monuments étaient bien
entretenus jadis, pendant ce temps-là, nous n'étions pas libres. Le travail, il
y en avait pour chacun d'entre nous, rémunéré sous forme de bénévolat colonial
qui consistait à nous payer tout juste pour ne pas mourir de faim et ainsi
permettre à nos bienfaiteurs de conserver la précieuse main-d'œuvre.
L'éducation était accessible enfin à une petite poignée de citadins bien sous
tout rapport. Ceux qu'ils souhaitaient gagner à leur cause. Nos femmes portaient
toutes le même nom, Fatma et nos hommes, Mohamed.
Ah oui, c'était plus simple mais au fait pour qui ? Allons, faisons un petit effort de mémoire. Soyons objectifs dans nos souvenirs. Sur les places des villes, les bals battaient «sang plein». Les endimanchés dansaient l'air insouciant. Les autochtones n'étaient pas invités ? exclus, ils imaginaient de loin la fête. Les lumières des lampions accompagnaient les traînées de l'accordéon. Les rires se répandaient sur l'ensemble du territoire. Les indigènes se préparaient également à leur manière à profiter de ces fêtes de l'étranger. Le sentiment qu'il se passe quelque chose de joyeux chez vous mais sans vous. Dans le subconscient de certains ayant vécu cette période, les fêtes sont relatées comme s'ils y participaient en tant qu'invités. C'est drôle ce que peut provoquer la honte de telles situations chez ces gens! Ils pratiquent le déni en enrobant ces évènements de douceur et de dentelles qui n'ont jamais été. La fraternité entre nos deux peuples. Mon œil ! On en a encore pour quelques années à panser nos blessures. Tant que le leurre de regretter cette belle époque ne sera pas révolu (chez nos intellectuels surtout), cela voudra dire que mazelna morda. En attendant, les pieds-noirs aux couleurs toutes rouges chantent «j'ai connu un pays qui n'existe plus» en montrant sur Internet nos rues poubelles et nos immeubles cassés. Fierté où es-tu ? Alors nostalgiques, courrez vite demander le visa «chaîne-gaine». |
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