Lorsqu'ils relèvent la tête, c'est pour regarder d'en haut
le reste de l'humanité et, pleins d'eux-mêmes, ils poussent du pied la porte de
l'insolence. Ils tirent avec leur inconscience sur les moins âgés, ils poussent
de leur inculture les plus petits de taille, avec leur arrogance, ils marchent
sur les pieds des plus vieux et, du fond de leur prétention démesurée, ils
lancent des flammes à tous ceux qui se trouvent sur leur passage. Le miroir les
regarde faire, il se marre et, pour mieux se moquer d'eux, il leur lance dans
un air faussement doux, «dis-moi maître du miroir, que tu es le plus fort !». Je
suis le plus fort, et que ceux qui veulent se mesurer à moi aillent d'abord
rapporter la toison d'or, qu'ils aillent planter leur carte d'identité sur le
sol lunaire, qu'ils dénombrent exactement les étoiles de l'univers et les
neurones du cerveau humain.
Que ceux qui veulent me tutoyer me disent exactement en
combien de jours s'effectue la rotation de chaque planète qu'on n'a pas encore
découverte, qu'ils trouvent l'explication juste au phénomène d'El Nino, qu'ils
me disent pourquoi l'univers continue de s'étendre, qu'ils m'expliquent
pourquoi les hommes sont des hommes et quand l'humanité doit-elle disparaître
de la terre. Qu'ils me disent pourquoi il y a des guerres entre les hommes et
pourquoi il existe des montagnes... lorsqu'ils me diront tout cela, je leur
poserai d'autres questions et lorsqu'ils y répondront, alors je consentirai,
peut-être, à réfléchir à leur propos. Maintenant, que personne ne s'approche et
que personne ne daigne penser, même au plus profond de lui-même, qu'il puisse
un jour m'approcher. N'est-ce pas, mon joli miroir que je suis le plus fort ?
Le pauvre membre de la pauvre commission oublie toujours que, à lui, personne
n'a demandé tant de miracles. Le jour où il devait devenir membre, on lui avait
juste demandé son nom et, comble de l'ironie, il l'avait mal écrit.
Aujourd'hui, il ne veut rien entendre, et encore moins comprendre !