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J'm' en affiche!

par El-Guellil

La culture, ça mélange vous savez; ça donne des angoisses, embrouille les idées, fait douter, fait trop penser, et finalement, ça nous fait perdre notre temps. La culture, ça salit aussi. Il n'y a qu'à voir les murs de nos villes. Nos viles murs de nos cités, pour s'apercevoir que ceux qui sont censés nous cultiver, manquent effectivement de culture civique. Des affiches qui s'en fichent de notre environnement. Une pollution visuelle qui nous informe du niveau de nos « cultureurs ». Des petites têtes qui font fi de toutes les lois. Ça colle n'importe où. Du théatre amateur en passant par la musique. Du meeting aux portes ouvertes. De foire en foire, que d'enfoirés... Existe-t-il une loi régissant l'affiche publicitaire ? Il y a quelques ans, seules les régies autorisées louaient des espaces qu'elles entretenaient. Elles louaient un espace pour une durée précise. Aujourd'hui, jib el colla, tallass et lassag.

Interpellé par une affiche qui annonce un spectacle, on y va et on les découvre, ceux qui salissent les murs. Ils s'égosillent sur scène, ils flottent dans une scénographie approximative. Ils donnent des leçons de civisme et de citoyenneté.

Ils se défoncent et dénoncent ceux qui ne cessent d'étrangler, d'égorger, de violer, de saccager, de dilapider, de broyer, d'étouffer, d'écraser, de piétiner, de mutiler, de pervertir de leurs mains visqueuses, rapaces, dégoulinantes de «bonté» pour le peuple, toutes les richesses de la terre, l'amour, l'espoir, la beauté, de façon impitoyable et systématique, pour une idée, qui n'est trop souvent d'ailleurs, qu'une idée fixe complètement absurde, ridicule, issue tout droit de leur mégalomanie.

Ils s'usent les salisseurs de nos murs et usent tout ce qui les entoure.

Sur une fresque qui date des années 90, fresque peinte sur un mur du lycée « El Hayet d'Oran, on n'a pas trouvé mieux que de passer une couche de jir blanc pour installer un semblant de panneau qui accueillera les affiches de la campagne électorale. Une oeuvre d'art qui déserte le paysage des lycéens. C'est rien. Le vote est plus important.