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Association «Les Amis de Abdelhamid Benzine» - Rencontre : lettres et images de prison

par B A-D

Samedi 4 mars 2023 s'est tenue, à la salle Frantz Fanon (Riadh El Feth/Alger), la rencontre organisée par l'Association «Les Amis de Abdelhamid Benzine», consacrée, cette fois-ci (note : l'Association organise, depuis 2005, en alternance biannuelle, un colloque ou rencontre sur un thème socioéconomique précis puis un Prix de journalisme), aux «Lettres à Zoulikha», présenté sous forme d'un très bel ouvrage de 281 pages.

Zoulikha («Zouzou») Benzine, jeune moudjahida de 18 ans, était alors emprisonnée, durant la guerre de libération nationale (elle est arrêtée une première fois le 11 novembre 1959) à la sinistre prison Barberousse (Alger), alors que son frère aîné, Abdelhamid, journaliste et moudjahid de l'ALN, l'était dans plusieurs camps de concentration, dont Lambèse et Boghari.

Au total, 175 lettres -la majorité signée Abdelhamid Benzine, décédé le 6 mars 2003- avaient été échangées entre le frère et la sœur (seules 3 lettres émanant de la prisonnière ont échappé au temps), avec toutes les difficultés alors rencontrées par les détenus politiques, comme la censure militaire... ainsi qu'une certaine autocensure inévitable produisant des écrits avec des lectures à plusieurs degrés.

L'ouvrage en publie plusieurs dizaines, présentées par le Pr Malika El Korso. Il comporte aussi plusieurs dessins de détenues commentés par l'historienne et critique d'art Nadira Lagoune-Akkouche («Images de prison, images de survie»).

Une rencontre ayant rassemblé plus d'une centaine de personnes de tous âges; une rencontre plus qu'émouvante avec les interventions d'autres acteurs de la guerre de libération nationale et des historiens; une rencontre qui a atteint son summum d'émotion lors de l'intervention de l'invitée d'honneur, Louisa Ighilahriz, tout particulièrement lorsque le sujet de la torture, alors généralisée, a été évoqué. Un sujet encore tabou dans notre société étant donné les pesanteurs psychosociologiques, ce qui fait, en définitive, l' «affaire» de l'armée coloniale... faisant donc oublier que «la torture», et les sévices immondes à l'encontre des femmes détenues était enseignée (peut-être sous une autre appellation) dans les centres de formation militaire, tout particulièrement ceux formant les «paras» d'Aussaresses, de Le Pen et autres criminels de guerre.

Ps :

- Zoulikha Benzine, décédée le 9 août 2012) était l'épouse de Djâafar Inal. Passionnée de lecture et de peinture, elle était amie de Kateb Yacine et de M'hamed Issiakhem qui a peint son portrait.

- L'ouvrage sera présenté in Mediatic prochainement.