Chacun s'attendait
à une journée inhabituelle, mais le premier jour de la campagne électorale pour
des présidentielles qui s'annoncent serrées a été, vraiment, insipide, du moins
pour la wilaya de Blida. En effet, mis à part quelques photos des candidats en
de rares endroits et quelques permanences, tout aussi rares, rien ne laissait
entrevoir que nous avions entamé une campagne électorale, digne de ce nom.
Cette absence d'activité partisane s'observait de manière plutôt visible dans
les petites villes où tout le monde s'étonnait de ne rien voir venir, de ne
rien entendre, et c'était, vraiment, étonnant pour des citoyens qui ont, à
cœur, ce qui se passe dans leur pays, d'autant plus qu'ils ont subi un
véritable matraquage médiatique depuis plusieurs semaines, maintenant.
Plusieurs citoyens que nous avons rencontrés, à travers les rues des villes et
villages, nous ont fait part de ce silence incompréhensible, même s'ils
savaient que les jours à venir allaient être beaucoup plus animés. Ce silence
dans les villes ajoutait, quand même, à la sourde inquiétude qui étreint les
cœurs des Algériens, surtout quand ils voient ce qui s'est passé à Ghardaïa, ce
que raconte la rumeur et tout ce qui est colporté par certains médias, en plus
de ce qui se passe dans beaucoup de pays arabes. Les Algériens, échaudés par
plus d'une décennie de violences, ne veulent plus vivre la même expérience,
n'aspirent qu'à vivre en harmonie avec eux-mêmes : «nous sommes tous des
Algériens, il n'y a, entre nous, aucune différence et nous ne voulons pas que
des étrangers viennent nous dicter ce que nous devons faire», affirment de
nombreux citoyens. En effet, dans toutes les discussions qui se tiennent, un
peu partout, nous sentons cette angoisse de lendemains incertains que personne
ne souhaite pour un pays qui a tant souffert et tous déclarent que : «nous
voterons pour le président qui nous convient même si nous savons que ce sera
Bouteflika qui l'emportera, pourvu, seulement que sa santé le lui permette».
En regardant la
télévision, les gens paraissent peu intéressés par les programmes des candidats
et ne retiennent, en général, que les promesses, parfois irréalisables, de ces
candidats. Mais il faut dire que ce silence ne durera pas longtemps puisque, au
deuxième jour, il y a déjà trois candidats qui se sont succédé pour parler de
leurs programmes respectifs et tenter de faire rallier le plus grand nombre
d'électeurs. Enfin, tous souhaitent qu'il n'y ait aucun dérapage et les appels
au calme se font entendre, un peu partout.