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La néo-théorie du «bon cercle» !

par El-Houari Dilmi

A rebours d'une roue qui tourne pour ne jamais se rouiller, sous nos latitudes «trop particulières», les girouettes, toutes les girouettes ne s'arrêtent jamais de tournoyer, même lorsqu'elles «s'encroûtent» ! Ceci pour dire et (re) dire que le faux miracle continue encore et toujours à s'accomplir sous les yeux exorbités de ce pays, au dos trop voûté à supporter son âge, au point que même ses propres «occupants» sont trop pressés de voir le temps enfin... prendre fin. Sous les cieux ennuagés de ce pays, en rien ressemblant à un autre, même un homme enfoui cent lieues sous terre est capable de vous tirer un bastos dans le dos pour retourner benoîtement à son caveau et poursuivre son sommeil de l' (in)juste... C'est l'histoire à décrypter à l'envers de Larbi qui voulut se payer le luxe exquis d'un grand saut dans le vide sidéral, sans prendre la précaution vitale d'accrocher ses savates trop usées à un élastique en boyaux... de baudet. Se rappelant que le compte à rebours a déjà commencé pour lui depuis longtemps déjà, Larbi tente de rattraper le train en marche sans jamais consentir à payer un traître ticket. Arrivé à la station dite du «cimetière de tous les destins», il tombe nez à nez avec une faune en voie de prolifération et joue des coudes pour se placer, se persuade-t-il, à l'intérieur du «bon cercle». Pour Larbi, l'urgence vitale est de faire un «bon placement» et ne pas se laisser larguer loin, à l'extérieur du «bon cercle». Parce que, paraît-il, se rappelle encore Larbi, pour être à l'abri des coups tordus du sort et des gifles cinglantes de la vie, il faut avoir appris à marcher sur la neige sans jamais laisser de traces, ne pas commettre le sacrilège de mettre des bâtons dans les girouettes à la mécanique trop bien huilée, ne jamais blasphémer son chef cannibale, veiller à ne jamais faire semblant de roter sur les autres quand l'écho de la bedaine résonne trop dans le vide. Fouillant dans sa mémoire en charpie, Larbi se souvint encore de ces bons conseils de son trisaïeul, semi-combattant des causes perdues, pour lui apprendre à devenir, lui aussi, un homme «décorporé», amorphe, incolore, inodore et même invisible à l'œil nu, sauf par le chas d'un porte-monnaie géant. Trop soucieux de réussir le grand plongeon dans le marigot des caïmans, Larbi sera retrouvé les pieds et les poings liés avec du fil barbelé, le corps lesté au fond du marigot avec la momie d'un alligator édenté. Le corps déposé par dix mètres sous le marigot, sa citrouille, décapitée et éviscérée de toutes les mauvaises pensées, sera retrouvée pendue à un mât si haut que personne ne pût jamais l'atteindre pour récupérer ce «gros machin» dépassant de sa bouche, si grande ouverte qu'on ne pût jamais la fermer. A jamais... Aussi vrai qu'il faille, peut-être, respecter les plus âgés que soi; le problème, c'est que plus le pays avance... dans le temps, moins il y a des gens à respecter.