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Refus inébranlable

par Abdelkrim Zerzouri

Pourquoi le refus inébranlable de toute implication de l'Algérie dans les opérations militaires au Sahel, depuis la création effective du G5, initiative commune à cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), en 2017, dérange-t-il certaines parties, à tel point qu'elles sont allées jusqu'à fabriquer des fake news affirmant le contraire de cette vérité ? Des pages subversives sur les réseaux sociaux qui ont relayé, ces derniers jours, cette information faisant état d'une participation de l'Armée nationale populaire (ANP) à des missions militaires en dehors des frontières algériennes sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel ont, peut être, prêché le faux pour savoir le vrai, et elles sont bien arrivées à leur but à travers le démenti cinglant et catégorique du ministère de la Défense nationale (MDN).

Mais, l'action et la réaction vont au-delà de la petite polémique. Le communiqué du MDN s'attaque sans détours à des ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes, qui sont derrière cette intox. Des parties qui ne dorment plus bien depuis que la nouvelle Constitution a ouvert cette voie de la participation des forces de l'ANP dans des opérations militaires hors des frontières du pays, et qui veulent s'assurer si l'Algérie est disposée, aujourd'hui que sa Constitution le lui permet, à répondre favorablement à une demande insistante, de forces étrangères notamment, pour une participation de ses troupes militaires au Sahel. Avant même que la Constitution ne soit approuvée par référendum, le 1er novembre dernier, les experts marocains en matière de sécurité ne cachaient pas leur inquiétude face à cette nouvelle dimension, craignant un engagement des unités militaires algériennes dans le conflit au Sahara Occidental, et ils guettent le moindre mouvement dans ce sens pour convaincre de ce scénario monté de toute pièce et n'attendant que le moment opportun

pour le balancer à l'opinion internationale. L'Algérie, en tant que puissance militaire régionale, dont l'armée est classée 27e au rang mondial et 3e au sein les pays arabes, peut effectivement participer à des opérations militaires de maintien de la paix, menées par l'ONU ou l'UA, hors de ses frontières, mais cela ne peut se faire sans l'aval des représentants du peuple, comme le stipule la Constitution. Aussi, le MDN a dans ce contexte du G5 clairement signifié l'impossible participation de l'ANP à des missions militaires en dehors des frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères. Une explication claire, nette et précise au refus de participer dans le G5, qui n'a rien à voir avec l'empêchement ou la permission Constitutionnelle, comme on l'a si longtemps cru ou laissé croire.

L'Algérie, qui conditionne son soutien au G5 à l'intégration de celui-ci dans le processus de Nouakchott, initié à travers la création d'une mission de l'UA (MISAHEL), en 2013, pourrait participer dans des opérations militaires au Sahel si cela se faisait sous l'égide de l'UA, donc, loin des ingérences étrangères qui ne visent, elles, que le contrôle des richesses dont regorge cette région désertique (or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium). La réaction énergique du MDN serait également une réponse indirecte à d'autres parties, qui souhaiteraient voir l'Algérie s'impliquer militairement dans le G5.