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Ce ne sont
pas les 1.200 pages d'arrangement conclu entre l'Union européenne et la
Grande-Bretagne qui dissiperont les ombres qui planaient déjà sur le vieux
continent. Le colmatage entrepris après plus de quatre ans d'ardues
négociations n'éloignera pas le spectre du démantèlement d'un ensemble
continental où les Britanniques ont toujours occupé une place centrale.
Reconfigurée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe à travers
l'histoire a toujours été sujette à l'action des vents anglais jusqu'à rendre
impossible un ensemble européen sans l'Angleterre. Boudeurs et baroudeurs en
même temps, en n'intégrant pas l'espace Schengen et en n'adoptant pas la
monnaie unique, les Anglais s'étaient éloignés d'un européanisme fragile
convaincu que les arrière-pensées des Etats constituaient des blocages sérieux
pour une union efficace et sereine et que la force jusqu'au-boutiste des
nationalismes s'opposait à un ensemble continental harmonieux. Les intérêts divergents
de chaque pays européen, leurs écarts de développement souvent importants, les
uns par rapport aux autres, ne constituaient pas les prémices de l'adoption
d'une voix commune face au monde. Chacun a gardé jalousement ses étendards et
ses propres couleurs, parfois discrètement à l'ombre et loin des institutions
et des commissions communes.
Malgré sa tiédeur perçue depuis longtemps comme un repli toléré et accepté, la Grande-Bretagne occupe une place centrale incontestable en Europe. En claquant la porte à la face de ses voisins, elle ouvre une large brèche aux nationalismes montants de plus en plus visibles et décidés à mettre un terme à un conglomérat géographique où les populations ne voient que des sacrifices et des contraintes. Là aussi a ressurgi la confrontation inévitable des unions des peuples et celles des Etats. Sommairement, avec ses tracas et ses désagréments, le travers vécu aujourd'hui est l'échignement adopté à imiter la genèse de la naissance des Etats-Unis d'Amérique, sauf qu'à leur opposé les Américains avaient effacé pour l'éternité leurs origines pour accoucher d'un nouvel autre grand Etat. |
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